N'Zogbia a tracé sa route
Des sept nouveaux joueurs convoqués par Laurent Blanc pour Norvège-France, mercredi, Charles N'Zogbia est sans doute celui que l'on connaît le moins. Il retrace pour nous son parcours.
D'un départ controversé du Havre aux Bleus. On a connu chemin moins tortueux que celui emprunté par Charles N'Zogbia. A 24 ans, le milieu offensif de Wigan appartient à ces joueurs méconnus du public français, ceux qui ne sont pas passés par la case L1 pour parfaire leur apprentissage. Lorsqu'il décide de quitter son club formateur pour rejoindre l'Angleterre et Newcastle en 2004, N'Zogbia vient à peine de souffler ses 18 bougies. De ce choix, il assure encore aujourd'hui que ce n'en était pas vraiment un. «A la fin de mon contrat aspirant, je voulais un contrat élite pour avoir l'assurance de signer pro, explique-t-il. Les dirigeants du HAC, eux, ne me proposaient qu'un contrat de stagiaire pro. Soit j'acceptais, soit je partais. Je suis parti...».
La réglementation ne l'autorisant pas à s'engager avec autre formation française, N'Zogbia ne voit pas d'autre échappatoire que de s'expatrier. «Mais quand tu as 18 ans, tenter l'aventure à l'étranger, ce n'est pas une décision que tu prends. Je serais bien resté en France, mais je n'avais pas le choix». S'en est suivie une longue procédure qui l'a reconnu coupable d'avoir «rompu unilatéralement la convention de formation passée avec Le Havre». «Mais pour moi, une convention de formation n'est pas un contrat de travail», se défend-il. Bilan : une facture de quelques centaines de milliers d'euros dont se sont acquittés les Magpies et des premiers pas différés chez les Espoirs. «René Girard (le sélectionneur de l'époque) voulait me prendre, mais tant que ma situation n'était pas réglée, ce n'était pas possible». Le jugement prononcé par le TAS fut, à ce titre, vécu comme «un profond soulagement».
Débarrassé de ses soucis extra-sportifs, N'Zogbia a enfin pu empiler les capes chez les Bleuets, 13 au total. Mais c'est surtout en Angleterre qu'il s'est fait un nom. De lui, Sir Bobby Robson, son entraîneur à Newcastle, déclara un jour : «C'est l'un des joueurs les plus doués naturellement à cet âge-là que j'ai connu». «Je lui dois tout», souligne N'Zogbia. A Wigan, l'an passé, Roberto Martinez prit le parti de le repositionner dans le couloir droit et n'hésita pas à le comparer à... Lionel Messi. «C'était excessif et ça m'a vraiment étonné, sourit l'ancien Havrais. Lionel Messi, c'est un Ballon d'Or. Moi je suis juste Charles. C'est que ce j'ai dit au coach en rigolant : ''Il ne faut pas dire des trucs comme ça''». Cette comparaison l'a davantage amusé que lorsque son précédent entraîneur Joe Kinnear a volontairement écorché son nom en pleine conférence de presse en l'appelant Charles ''Imsonia''. «Avec lui, je n'avais aucune discussion, pas même un bonjour. On n'avait rien à se dire. C'était le froid total. Moi j'ai besoin de sentir la confiance d'un entraîneur, de dialoguer avec lui...».
Si on lui prête un fort caractère et une propension à ne pas se laisser faire sur le terrain -«le football est un sport de contact, on n'est pas là pour se faire des bisous»-, N'Zogbia préfère se présenter comme un «joueur qui sait ce qu'il veut». Ses projets immédiats ? «Apporter ses qualités en équipe de France». Quelles sont-elles ? «Ma lecture du jeu, ma vivacité, mon jeu en une-deux et en triangle...». «Les Bleus, c'est encore un autre palier à franchir, dit-il. Je sais qu'il va falloir travailler dur pour gagner en lucidité et moins me disperser sur le terrain. Ce n'est pas fini, je veux aller encore plus haut». Un transfert dans un club plus huppé pourrait l'y aider. «J'aimerais bien...». La Juve, Everton et Manchester City ont un oeil sur lui.
(lequipe.fr)
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