Bonsoir
L'article
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Sans doute attendait-il ce moment avec impatience. Non pas avec l’intention de régler ses comptes avec une presse interrogative sur le projet du Havre AC et sa politique de recrutement. Quoi que. Mais avec l’envie forte de défendre les choix, des choix réfléchis et discutés avec Pierre Wantiez, son DG, et Paul Le Guen, son entraîneur-manager.
À la « mauvaise foi », voire à « l’incompétence » de journalistes qui ne cessent (bêtement) de relayer, depuis près de six ans, une ambition forte de rejoindre une L1 que le HAC ne suit que de loin, a ainsi été rétorquée l’incompréhension. Comme un détail qui échappe, sur fond de confusion selon le boss. Lorsque ce dernier, dans nos colonnes,affirme en effet que « ce n’est pas un problème d’argent », il entend : « L’argent n’est pas le problème. » Vous avez quatre heures...
Néanmoins, le capitaine d’industrie sait se muer en excellent avocat de sa défense. Car il n’a pas échappé à Vincent Volpe que la dernière campagne de recrutement a quelque peu laissé observateurs et supporters sur leur faim. Si le scepticisme n’est pas directement dédié aux hommes récemment arrivés, celui-ci pointe du doigt l’absence de recrues dont le nom (ce qui n’est pas une garantie) et le passé récent en imposent.
« Quand il faut mettre le prix... »
« Depuis six ans, j’ai refusé combien de transferts ? Aucun !, assure Volpe. L’an dernier, on était même prêt à payer quatre à cinq fois plus que le salaire maximum en L2 pour Ben Arfa, car on croyait au projet. Alors non, le problème, ce n’est pas l’argent. Le problème, c’est que de nombreux joueurs ne veulent pas jouer en L2. Lorsqu’il a fallu faire venir Kadewere pour 2,5 M€, on l’a fait et on m’a pris pour un fou. Quand il faut mettre le prix, on le met. Mais plus pour n’importe quoi. Il y a trois ans, 25 % de notre masse salariale allaient à des joueurs qui ne touchaient pas un seul ballon. Ça, ce n’est plus possible. Pour la énième fois, notre ambition reste intacte, notre stratégie n’a pas changé. »
Seulement voilà, cette stratégie est-elle réellement en adéquation avec l’ambition ? Car à l’instar d’Oswald Tanchot, Paul Le Guen insiste lui aussi très souvent sur les contingences économiques. « Mais savez-vous qu’on ne respecte jamais notre budget ? interroge Volpe. L’an passé, on a payé très cher les transferts. Maintenant, grâce à notre stabilité financière, on est capable d’assumer le dépassement du budget. » Tout en ayant une confiance aveugle et légitime en les choix de Paul Le Guen.
« On a essayé de recruter de façon pertinente et raisonnable, explique ainsi l’entraîneur havrais. On a renoncé à des transferts onéreux, on a fait des paris, on l’admet, mais on est convaincu que ces paris peuvent être gagnants. Dans ce registre-là, on a engagé Khalid Boutaïb. »
Au cœur de ce dossier, là aussi, l’aspect économique a pesé. Peut-être même au détriment du sportif.« PLG » l’avoue, voilà six semaines que l’international marocain aurait déjà pu être sous ses ordres. « Mais il y a un mois et demi, précise le patron technique, les conditions de sa venue n’étaient pas les mêmes qu’au dernier jour du mercato. »
La raison s’est donc érigée en maître mot cet été, et cet automne. Le tout, sur fond d’un contexte particulier. « L’environnement est anxiogène, insiste Pierre Wantiez, le DG. En France, le montant des échanges (achats/ventes) est passé d’un 1,330 Md€ (été 2019) à 750 M€ lors de ce mercato. Prenez le Championship (D2, Ang), le sixième championnat européen le plus puissant économiquement. Il y a 17 clubs sur 24 virtuellement en cessation de paiement. Ces clubs n’ont donc quasiment pas acheté. » À l’image du marché, le Havre AC s’est donc tourné vers des coups espérés gagnants. Tout en abandonnant, volontairement, la piste El Berkaoui (Agadir, Mar), « parce que nous voulions bien payer un transfert, conclut Wantiez, mais à un moment donné, nous ne pouvions pas nous aligner sur les propositions salariales venues du Golfe. »"
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