Arthur Desmas : "Quand j’arrive au Stade Océane, je ressens la ferveur !"

Arthur, tu as suivi ce match de Caen depuis le banc ! Ce qui n’arrive jamais… Comment as-tu vécu cette qualification ?
C’est une qualification méritée ! J’étais très heureux de passer ce tour, d’autant plus que c’était à domicile. Tout le monde a répondu présent, les supporters, les joueurs… Et gagner contre Caen n’est jamais anodin !

Et avec la première du jeune Momo Koné dans les buts ! On suppose que cela t’a fait plaisir pour lui !
On est toujours content quand un joueur fait son premier match en pro, d’autant plus quand c’est un gardien ! Nico Mathieu [Gorgelin et moi l’avons félicité en riant, en lui disant que ça y est, il était pro ! En plus, ça s’est soldé par une victoire !

Maintenant, tu as hâte de rejouer !
Oui, avec la trêve, ça commence à être un peu long ! Ce match de Caen a mis l’eau à la bouche, j’ai hâte qu’il soit 17 h 05 dimanche pour retrouver la compétition face à Lyon.

Le match contre Lyon, tu l’abordes de quelle façon ?
On peut dire que les Lyonnais ont raté leur première partie de saison, mais depuis trois ou quatre matches, ils gagnent tout, parce qu’ils ont de grands joueurs. Pour moi, c’est la même qualité que Paris, Nice, Lens… ça va être un match de cette volée-là, même s’ils sont derrière nous au classement. Ils ne veulent plus perdre de temps, donc j’imagine qu’ils vont faire une très grosse deuxième partie de saison. A nous d’être prêts !

Comment analyses-tu la première partie de saison collectivement ?
Il y a eu quelques changements de joueurs mais tout le monde s’est bien adapté à notre mode de travail, à notre fonctionnement, à notre esprit havrais. Sur cette première partie, nous savons que nous sommes capables de faire de très bonnes choses, je pense que nous aurions pu faire mieux, mais c’est aussi très encourageant pour nous, Le Havre, d’avoir réalisé une première partie comme celle-ci. Nous pourrions gratter un peu plus de points sur la deuxième partie.

Et à titre individuel ?
J’ai pris beaucoup de plaisir ! Et j’ai envie que ça continue comme ça… J’adore jouer à domicile !

Au niveau des stats, la LFP te situe troisième meilleur gardien en termes de sauvetages ! C’était un objectif de t’imposer dans cette L1, chose que tu n’avais pas réussie complètement avec Clermont ?
Forcément, on a toujours envie de réussir les challenges qu’on se fixe ! Il faut toujours travailler, rien n’est jamais acquis.

Tu sens que tu as changé de statut ?
Je ne sais pas ! Je sens que j’ai confiance, j’essaie de donner de cette confiance à mes coéquipiers.

As-tu modifié des choses par rapport à l’année de L1 que tu avais connue avec Clermont ?
Oui, je me suis entouré de quelqu’un qui optimise la performance, d’une préparatrice mentale, et je sens que le staff est derrière moi, avec Nico qui m’apporte toute son expérience, tout comme Mathieu. Grâce à ça, j’arrive à être bon. Il faut continuer dans ce sens ! C’est aussi collectif.

A ton arrivée, tu avais dit que tu trouvais le projet ambitieux et intéressant. A priori, tu ne t’es pas trompé, et qu’aussi cela allait être sympa de travailler avec Nicolas Douchez. Tu confirmes donc ?
Oui ! Je n’ai jamais pris autant de plaisir au quotidien, et même le week-end, je sens que j’ai envie de retourner sur le terrain avec Nico, Matt, Momo. Le manque arrive très vite. Donc, c’est génial ! Je me disais récemment justement que ça ferait bizarre quand il n’y aurait plus le foot !

A 29 ans, tu as encore un peu de temps devant toi !
Oui, j’espère ! Quand ça se passe comme ça, j’espère !

Tu as une belle relation avec Mathieu Gorgelin. Est-ce simple d’avoir ce type de relation avec son concurrent ? On suppose que tu n’as pas vécu cela partout…
En effet ! Ce n’est pas simple… Mathieu donne le meilleur de lui-même, tout le temps, avec moi, je sens que c’est sincère, et ce n’est pas toujours facile pour lui de le faire. Il le fait d’une manière tellement franche… C’est vraiment agréable, c’est quelqu’un de très humain, et il m’apporte beaucoup au quotidien. Ce n’est pas inné, naturel chez tout le monde, Mathieu y arrive, et vraiment je l’en remercie. C’est une des plus belles personnes que j’aie rencontrées dans le foot.

Faut-il être fou pour être gardien ?
Pour moi, non ! Justement, il faut être très réfléchi, de plus en plus. Quand on est fou, on fait n’importe quoi ! Evidemment, il faut avoir une petite part de folie pour mettre la main ou la tête où les joueurs de champ mettent le pied ! Il ne faut pas avoir peur, mais être réfléchi.

As-tu eu des modèles ?
Oui, surtout un ! Hugo Lloris, le frère de Gautier ! Je l’ai rencontré pour la première fois il y a quelques semaines quand il était venu au Stade Océane voir un match. Ça m’a fait bizarre de le voir. Il m’a vraiment donné envie d’être gardien. Après, il y a eu aussi Petr Cech et Thibaut Courtois.

Que dirais-tu au petit Arthur Desmas qui débutait enfant dans les buts en Bretagne au début des années 2000 ?
De prendre le foot comme un jeu, de prendre toujours du plaisir. Sans plaisir, ça ne marche pas ! C’est vraiment ce créneau-là qui m’anime.

Dans l’équipe, êtes-vous conscients de ce que vous avez créé en termes d’engouement ?
Récemment, nous avons revu une vidéo des matches du début de la saison dernière. Il y avait quoi, trois ou quatre mille spectateurs… Nous avons réussi à faire venir du monde. Quand j’arrive au stade le dimanche, je sens cette ferveur. Les gens arrivent tôt, ils sont déjà là alors qu’on n’est même pas encore sur le terrain ! C’est pour cela que je vais toujours sur le terrain avant le match, voir les gens, j’adore ça ! Ce que nous avons fait est bien, et nous voulons continuer dans ce sens-là… même si le stade ne sera pas plus grand ! (rires) Mais nous avons envie que le public vienne. Quand je me promène en ville avec mon fils et ma femme, je sens le soutien derrière nous.

A ton arrivée, tu avais dit que Le Havre était une ville qui respirait le foot.
Quand je suis arrivé, elle était un peu endormie. Là, elle respire à pleins poumons ! Et j’ai l’impression que les gens s’identifient au projet.

En dehors du foot, que fais-tu ?
Pas grand-chose ! Parce que le prépa physique nous donne un programme très chargé ! (rires) Les moments de temps libre ne sont pas énormes. J’aime passer du temps avec mon fils et lire. En ce moment, je lis surtout des livres de développement personnel. Toujours un peu dans l’idée d’optimiser la performance. Ça peut être sur la nutrition, sur des schémas de pensée un peu différents… Je m’instruis.

Que voudrais-tu que les historiens du HAC disent de toi dans cent ans ?
S’ils parlent de moi dans cent ans, j’en serai d’abord très fier ! J’aimerais laisser l’image de quelqu’un qui travaille, qui essaie de faire plaisir aux gens…

Tu sais évidemment qu’au HAC nous avons toujours eu de grands gardiens ! Tu en connais, évidemment !
Oui, Christophe Revault, Brice Samba, maintenant en équipe de France, Edouard Mendy, Zacharie Boucher, Steve Mandanda… et Nico Douchez !

Si tu organisais un dîner avec trois sportifs, pas forcément des footballeurs, qui inviterais-tu ?
Lebron James, d’abord… Wembanyama… Je trouve la mentalité des joueurs de basket très intéressante. Et peut-être un quarterback… Pour avoir un aperçu de la culture américaine.

Un petit point météo en ces températures glaciales… En tant que gardien, comment gères-tu le froid ?
Pendant les matches, j’ai rarement froid. Je suis souvent en manches courtes, et le fait de parler avec mes coéquipiers, de donner des consignes, me réchauffe, et j’essaie de rester en mouvement. En revanche, à l’entraînement, je me couvre beaucoup, avec des collants, un kway sous mon pull… et on y va !

Propos recueillis par Olivia Detivelle