Avant HAC - Angers : remettez-nous ça !

Dans la vie d’un club, où l’on a la tête perpétuellement dans le guidon même en jouant au football (pas pratique, vous avouerez !), il est des moments où le temps suspend son vol… Mercredi, le fameux Lac de Lamartine aurait pu rimer avec HAC, car le club mit à l’honneur quelques uns de ses plus anciens abonnés… De ceux qui ont traversé le temps et débusqué, bien caché, l’amour éternel : celui pour des couleurs, celui pour un blason, celui pour des générations de joueurs. C’est ça, le HAC : le passé qui parle à l’avenir, de Gilbert Bourdon, notre plus ancien abonné (depuis 1948 !), à Josué Casimir, Steve Ngoura, jeunes Hacmen à l’honneur dimanche dernier sur la scène de la Beaujoire.

La Beaujoire où l’on respira une bouffée d’air frais au milieu d’une atmosphère locale viciée, accentuée par le scénario du match, ce but rapide de Casimir, cette détermination, cette solidité havraise infrangible durant 90 minutes… et même un peu plus, les arrêts de jeu, allongés d’une interminable demi-heure d’interruption, jouant des pizzicati sur nos nerfs. Mais, au bout de cette attente à se ronger les sangs et le reste, la délivrance, les chœurs du parcage qui chavirent dans le surréalisme d’un stade déserté… Trois coups de sifflet venant en écho des trois points tombant dans l’escarcelle permettant au HAC de quitter la zone rouge et de céder la place d’avant-dernier à Angers… notre adversaire du jour.

Vous avez dit « classement serré » ? Un euphémisme ! Trois longueurs séparent le 11e, Strasbourg, du 17e, Angers (10 points). Un seul match peut donc bouleverser la hiérarchie, inverser les peurs, éparpiller les pauvres certitudes, et émietter un moral parfois fragile. Avec ce HAC – Angers, il s’agit pour nous de surfer sur la vague de ce succès à Nantes, concurrent direct désormais barragiste, pour disposer d’un autre concurrent direct, ce SCO où la douceur angevine s’est faite un peu plus rêche avec la défaite à Auxerre dimanche dernier. Ce qui n’enlève rien à la qualité de cette équipe, capable de créer l’exploit à Monaco (0-1) ou à Marseille (1-1), de s’accrocher toujours et encore, emmenée par des joueurs de qualité que l’on connaît parfaitement… puisque certains ont été formés, voire sont nés au Havre ! Au premier rang en tant que meilleur buteur de son équipe (trois réalisations) ? Himad Abdelli, bien sûr ! Entamant sa troisième saison à Angers, notre offensif originaire du Mont-Gaillard a gagné autant en influence qu’en maturité, les deux étant liées, depuis son départ de la maison. Le gardien Yahia Fofana, lui, s’il n’est pas né au Havre, a été bercé dans les buts de la Cavée ! Voilà pour les anciens Havrais les plus emblématiques, « anciens Havrais » étant à coup sûr une contradiction : Havrais un jour, Havrais toujours… A leurs côtés, Florent Hanin, latéral du SCO, Melvin Zinga, gardien remplaçant, formés tous deux au HAC, Zinou Ferhat (incertain pour le match), révélé en France sous nos couleurs sont tous sauf des inconnus. Pour parfaire la peinture de ce pays de connaissance, il suffit de regarder du côté du banc où figurent Alexandre Dujeux (joueur de 2003 à 2005) et Romain Héquet (analyste vidéo puis adjoint, 2017-2023). Cependant, on le sait : point de nostalgie, point d’émotions paralysant l’action, Angers vient avec des armes semblables aux nôtres pour tenter de nous jouer un mauvais tour, s’appuyant aussi sur les dribbles d’El Mehali, sur Aholou, sur Dieng. Les retrouvailles, ce sera avant, après, mais durant la partie, les sourires et les tapes dans le dos resteront accrochés aux vestiaires.

Le HAC, désormais 14e avec 12 points, et donc deux longueurs d’avance sur les Angevins, sait qu’il lui faudra se montrer aussi vigilant et attentif, aussi uni et solidaire que la semaine passée, parce que ce match se jouera plus au couteau que sur du velours. C’est notre quotidien, nous en sommes conscients. Pour une fois, le costume de favori se teindra de Ciel&Marine, alors attention de ne pas se prendre les pieds dans un pantalon trop long ! Garder l’état d’esprit guerrier, respecter l’ordre de bataille, remporter les duels… Ce vocabulaire belliqueux sied-il au sport ? Il manifeste en tout cas une envie folle de s’en sortir, de conserver la maîtrise de son destin. S’il sera toujours privé d’Arouna Sangante et Oussama Targhalline, blessés, Didier Digard récupérera Abdoulaye Touré et Yoann Salmier, de retour de suspension. Et bénéficiera à nouveau du soutien inconditionnel d’un public se reconnaissant dans les valeurs de son équipe. Du doyen Gilbert Bourdon aux tout-petits garnissant la Tribune Familles, voilà la force du club : un amour qui se transmet par-delà les années. Et, comme le disait Corneille (le dramaturge, pas le chanteur), « à qui sait bien aimer, il n'est rien d'impossible ». Surtout pas se maintenir en L1.

O.D.