Avant Lille – HAC : un défi en Nord

La réputation d’hospitalité des gens du Nord n’est paraît-il plus à faire… Paraît-il… Nous, nous aurions tendance à classer cela dans les fake-news, les idées reçues... Une preuve ? Notre dernière visite à la Decathlon-Arena-Pierre-Mauroy, avec une fessée 3 à 0. Bête noire du HAC depuis le retour en Ligue 1 (trois matches, trois défaites ne souffrant aucune contestation, la seule équipe à avoir ainsi pris notre mesure sur autant de rencontres), sorte de chien des Baskerville, le Dogue n’est pas simple à dresser…

D’autant que la bête est blessée après une élimination de Coupe de France cette semaine à domicile face à Dunkerque (L2) aux tirs au but. Une contreperformance, incompréhensible au regard de la physionomie du match et de la domination du LOSC, faisant un peu tache dans la belle saison lilloise, survenant après une qualification directe pour les huitièmes de finale de Ligue des Champions et une victoire sans appel face à Feyenoord (6-1). En championnat, les Nordistes restent sur un net succès face à Saint-Etienne (4-1), acquis en seconde période, une mi-temps durant laquelle les Verts furent rapidement réduits à dix. Les hommes à surveiller ? Un peu tous… pas une surprise ! Au premier rang, toutefois, Jonathan David, avec ses deux triplés consécutifs face à nous. Oui, nous sommes la cible préférée du sniper canadien… qui joue cependant de la mitraillette dans ce championnat, accusant 12 buts (ce qui en fait le troisième meilleur buteur de L1), dont 6 penalties. Rémy Bricka du LOSC, référence certes vintage mais plutôt justifiée, puisqu’il fait voir la vie en couleur aux siens et obscurcit celle de ses adversaires, David est aussi le meilleur passeur lillois (3 assists)… Ajoutez Sahraoui (3 buts, 3 passes décisives), le polyvalent Haraldsson, en plein essor (2 et 2), André Gomes, Benjamin André, les défenseurs Diakité (joueur de champ le plus utilisé par Bruno Genesio), Alexsandro, Ismaily (qui devrait faire son retour samedi)… et bien entendu un dernier rempart nommé Chevalier, adoubé parmi les meilleurs portiers du championnat, voilà, même sans Zhegrova, toujours blessé, un effectif de qualité, patiné, lustré… brillant comme un sou neuf et actuel 4e de Ligue 1 McDonald’s, à deux longueurs de l’AS Monaco, 3e.

Une fois le catalogue feuilleté et refermé, il y a de quoi être sceptique sur les forces en présence et leur équilibre. Toutefois, au milieu de ce triangle des Bermudes - au climat légèrement plus frais - qu’est Lille-Roubaix-Tourcoing, le HAC n’aura rien à perdre, et surtout pas lui-même. « La folie est le doute de la raison. C’est peut-être la raison elle-même », écrivait Flaubert (il avait beau être rouennais, il ne disait pas que des inepties) dans ses « Mémoires d’un fou ». Alors, aux Hacmen de savoir, au fil des minutes, instiller le doute dans les têtes de leurs adversaires, de mettre un peu de folie dans un match que beaucoup d’observateurs pensent joué d’avance, de croire en leurs chances, de croire en eux-mêmes ! Même sans Joujou, même sans Ballo-Touré, blessés à Angers, sans Sangante, suspendu. On le sait, il faudra faire les efforts, d’abord, rester solides, ensuite, et savoir exploiter avec justesse la moindre petite faille. En progrès depuis quelques semaines, les Ciel&Marine savent que le maintien, qui reste à portée de points (quatre de retard sur le barragiste, Saint-Etienne) nécessitera tout cela, nécessitera aussi de signer quelques très hautes performances. Justement, rapporter de Lille du positif, comptablement parlant, en serait une.

O.D.