23 août 2024
Cédric Lecluse : "Ici, le côté humain est hyper important"
Cédric Lecluse, ancien joueur professionnel, est le nouvel entraîneur des U19, dont le championnat reprend ce dimanche. Rencontre…

Cédric, peux-tu te présenter ?
J’ai 52 ans, je suis un ancien footballeur professionnel, formé à l’AS Nancy Lorraine, où j’ai fait 90 % de ma carrière. Je suis le joueur le plus capé de l’histoire de l’ASNL (NDLR : 483 matches professionnels, toutes compétitions confondues). J’ai fini ma carrière au SCO d’Angers en 2007-2008, et auparavant j’ai fait une pige de six mois en Chine sous la responsabilité de Claude Leroy et Hervé Renard, au Cosco Shanghaï en 2002-2003.
Et pourquoi avoir décidé de devenir éducateur ?
J’y suis venu un peu sur le tard, parce que j’avais choisi une autre voie professionnelle, avec l’ouverture d’un complexe de foot en salle. A un moment, le terrain me manquait, la compétition me manquait, et c’est là que j’ai décidé d’entamer, en 2014, mon cursus de diplômes, jusqu’au Formateur. Je me rappelle que quand j’étais au centre de formation de Nancy, j’avais un entraîneur qui s’appelait Jean-Claude Cloët, un ancien professionnel sous l’ère Platini, Moutier… J’avais adoré la façon dont il formait les joueurs, et je m’étais dit qu’un jour ça me plairait de transmettre à mon tour.
Dans quels clubs as-tu entraîné ?
Pendant que je passais mes diplômes, j’ai entraîné un tout petit club de village, là où j’habitais. Ensuite, je suis parti du côté de Laxou, dans la banlieue nancéenne, où j’ai passé mon BEF, puis j’ai effectué une année comme adjoint au Luxembourg, au Progrès Niederkorn. Je suis revenu en France, trois ans à Montigny-les-Metz, j’y ai passé mon DES, puis je suis parti quatre ans à l’ESTAC, où j’ai passé mon CEAD, puis je suis retourné à Nancy sur les U17 Nationaux, et la Gambardella, une aventure exceptionnelle, où on est allés au bout. On a dû faire 14 matches avant d’arriver en finale ! Et me voilà débarqué dans le port du Havre.
Le Cédric Lecluse entraîneur ressemble-t-il au Cédric Lecluse joueur, défenseur de caractère ?
En partie. J’étais compétiteur ! Quand on passe de l’autre côté de la barrière, quand on devient entraîneur mais surtout formateur, l’aspect compétition entre moins en ligne de compte la semaine de travail. On doit former les joueurs, avoir une pédagogie d’accompagnant, de tolérance surtout, parce qu’ils sont en formation et qu’il y a beaucoup d’erreurs à répétition ! Si j’étais resté dans l’état d’esprit qui était le mien lorsque j’étais joueur, où j’étais très exigeant, parce que le métier le voulait, je n’aurais pas pu être à la formation. Voici ce que j’essaie de faire : je suis formateur la semaine et compétiteur le week-end. Cela fait aussi partie de la formation des gamins, la formation à la compétition ! Ce n’est pas une fin en soi, je veux qu’on gagne, oui, s’il y a la manière, s’il y a le contenu du travail de la semaine ou de la précédente. Ce que je veux observer, c’est vraiment un changement des attitudes, des comportements des gamins en lien avec le travail de la semaine. S’il y a tout ça et le résultat, c’est top, s’il n’y a pas le résultat, on peut forcément être déçus, eux vont l’être… mais c’est aussi formateur d’être déçu, et à partir de là, on retravaille jusqu’à ce qu’on obtienne quelque chose. Cependant, l’esprit de compétition entre aussi en ligne de compte, ça doit faire partie de mon rôle de leur apprendre ce qu’est la compétition, sans que ce soit la priorité.
Comment s’est conclue ton arrivée au HAC ?
J’avais déjà eu un contact avec François Rodrigues auparavant. En juin, il m’a téléphoné, en me disant que mon profil l’intéressait. On a échangé, il m’a expliqué le projet, ce qu’il attendait, et ça s’est fait très rapidement.
Et quelles sont tes impressions un peu plus d’un mois après ton arrivée ?
Ce qui m’a frappé, c’est la bienveillance des gens, tous font en sorte de m’aider pour me faire comprendre le fonctionnement, les mécanismes en interne, etc. Ici, le côté humain est hyper important, il ressort énormément. Tout le monde est bienveillant, attentif, m’oriente… Je me suis senti à l’aise super vite. C’est très important !
Et par rapport à tes joueurs ?
C’est un gros groupe, avec des gamins à l’écoute, attentifs, qui ont tous envie de réussir. J’essaie d’imposer une exigence pour pouvoir aller chercher quelque chose au haut niveau. J’ai eu la chance de faire ce métier-là, j’ai été à leur place, je le leur explique. Je sais comment ça fonctionne et comment eux fonctionnent dans leur tête, sur des moments où ils sont euphoriques, sur des frustrations, sur des déceptions, etc. Je discute avec eux, j’essaie de remettre à certains les pieds sur terre, d’en aider d’autres à s’épanouir, à grandir, à être à l’écoute, en confiance, etc. Tout ce qu’ils sont en train de vivre, je l’ai déjà vécu, jusqu’au fait d’être professionnel et d’avoir une carrière. J’essaie à travers mes séances d’entraînement de leur transmettre les comportements sur le plan offensif, défensif, tout ce qui est aspect footballistique, mais aussi ce qu’ils doivent mettre en œuvre personnellement. Parce que s’ils ne sont pas exigeants avec eux-mêmes, en termes d’alimentation, de sommeil… ils se tirent des balles dans le pied. Comme j’ai eu trois enfants, je sais aussi comment fonctionnent les enfants ! (rires) Je leur parle franchement, je pense qu’ils le comprennent. Ce sont eux qui sont sur le terrain… J’ai 52 ans, je ne peux plus courir pour eux ! C’est à eux de me montrer des choses. Ils ont une chance inouïe d’être dans un centre de formation et pensent que centre égal carrière professionnelle. Quand on leur demande qui pense réussir, ils lèvent tous la main. Mais non, dans le lot, il y en aura peut-être un, deux, trois… voire pas du tout ! C’est dur de leur faire prendre conscience de ça.
Propos recueillis par O.D.
J’ai 52 ans, je suis un ancien footballeur professionnel, formé à l’AS Nancy Lorraine, où j’ai fait 90 % de ma carrière. Je suis le joueur le plus capé de l’histoire de l’ASNL (NDLR : 483 matches professionnels, toutes compétitions confondues). J’ai fini ma carrière au SCO d’Angers en 2007-2008, et auparavant j’ai fait une pige de six mois en Chine sous la responsabilité de Claude Leroy et Hervé Renard, au Cosco Shanghaï en 2002-2003.
Et pourquoi avoir décidé de devenir éducateur ?
J’y suis venu un peu sur le tard, parce que j’avais choisi une autre voie professionnelle, avec l’ouverture d’un complexe de foot en salle. A un moment, le terrain me manquait, la compétition me manquait, et c’est là que j’ai décidé d’entamer, en 2014, mon cursus de diplômes, jusqu’au Formateur. Je me rappelle que quand j’étais au centre de formation de Nancy, j’avais un entraîneur qui s’appelait Jean-Claude Cloët, un ancien professionnel sous l’ère Platini, Moutier… J’avais adoré la façon dont il formait les joueurs, et je m’étais dit qu’un jour ça me plairait de transmettre à mon tour.
Dans quels clubs as-tu entraîné ?
Pendant que je passais mes diplômes, j’ai entraîné un tout petit club de village, là où j’habitais. Ensuite, je suis parti du côté de Laxou, dans la banlieue nancéenne, où j’ai passé mon BEF, puis j’ai effectué une année comme adjoint au Luxembourg, au Progrès Niederkorn. Je suis revenu en France, trois ans à Montigny-les-Metz, j’y ai passé mon DES, puis je suis parti quatre ans à l’ESTAC, où j’ai passé mon CEAD, puis je suis retourné à Nancy sur les U17 Nationaux, et la Gambardella, une aventure exceptionnelle, où on est allés au bout. On a dû faire 14 matches avant d’arriver en finale ! Et me voilà débarqué dans le port du Havre.
Le Cédric Lecluse entraîneur ressemble-t-il au Cédric Lecluse joueur, défenseur de caractère ?
En partie. J’étais compétiteur ! Quand on passe de l’autre côté de la barrière, quand on devient entraîneur mais surtout formateur, l’aspect compétition entre moins en ligne de compte la semaine de travail. On doit former les joueurs, avoir une pédagogie d’accompagnant, de tolérance surtout, parce qu’ils sont en formation et qu’il y a beaucoup d’erreurs à répétition ! Si j’étais resté dans l’état d’esprit qui était le mien lorsque j’étais joueur, où j’étais très exigeant, parce que le métier le voulait, je n’aurais pas pu être à la formation. Voici ce que j’essaie de faire : je suis formateur la semaine et compétiteur le week-end. Cela fait aussi partie de la formation des gamins, la formation à la compétition ! Ce n’est pas une fin en soi, je veux qu’on gagne, oui, s’il y a la manière, s’il y a le contenu du travail de la semaine ou de la précédente. Ce que je veux observer, c’est vraiment un changement des attitudes, des comportements des gamins en lien avec le travail de la semaine. S’il y a tout ça et le résultat, c’est top, s’il n’y a pas le résultat, on peut forcément être déçus, eux vont l’être… mais c’est aussi formateur d’être déçu, et à partir de là, on retravaille jusqu’à ce qu’on obtienne quelque chose. Cependant, l’esprit de compétition entre aussi en ligne de compte, ça doit faire partie de mon rôle de leur apprendre ce qu’est la compétition, sans que ce soit la priorité.
Comment s’est conclue ton arrivée au HAC ?
J’avais déjà eu un contact avec François Rodrigues auparavant. En juin, il m’a téléphoné, en me disant que mon profil l’intéressait. On a échangé, il m’a expliqué le projet, ce qu’il attendait, et ça s’est fait très rapidement.
Et quelles sont tes impressions un peu plus d’un mois après ton arrivée ?
Ce qui m’a frappé, c’est la bienveillance des gens, tous font en sorte de m’aider pour me faire comprendre le fonctionnement, les mécanismes en interne, etc. Ici, le côté humain est hyper important, il ressort énormément. Tout le monde est bienveillant, attentif, m’oriente… Je me suis senti à l’aise super vite. C’est très important !
Et par rapport à tes joueurs ?
C’est un gros groupe, avec des gamins à l’écoute, attentifs, qui ont tous envie de réussir. J’essaie d’imposer une exigence pour pouvoir aller chercher quelque chose au haut niveau. J’ai eu la chance de faire ce métier-là, j’ai été à leur place, je le leur explique. Je sais comment ça fonctionne et comment eux fonctionnent dans leur tête, sur des moments où ils sont euphoriques, sur des frustrations, sur des déceptions, etc. Je discute avec eux, j’essaie de remettre à certains les pieds sur terre, d’en aider d’autres à s’épanouir, à grandir, à être à l’écoute, en confiance, etc. Tout ce qu’ils sont en train de vivre, je l’ai déjà vécu, jusqu’au fait d’être professionnel et d’avoir une carrière. J’essaie à travers mes séances d’entraînement de leur transmettre les comportements sur le plan offensif, défensif, tout ce qui est aspect footballistique, mais aussi ce qu’ils doivent mettre en œuvre personnellement. Parce que s’ils ne sont pas exigeants avec eux-mêmes, en termes d’alimentation, de sommeil… ils se tirent des balles dans le pied. Comme j’ai eu trois enfants, je sais aussi comment fonctionnent les enfants ! (rires) Je leur parle franchement, je pense qu’ils le comprennent. Ce sont eux qui sont sur le terrain… J’ai 52 ans, je ne peux plus courir pour eux ! C’est à eux de me montrer des choses. Ils ont une chance inouïe d’être dans un centre de formation et pensent que centre égal carrière professionnelle. Quand on leur demande qui pense réussir, ils lèvent tous la main. Mais non, dans le lot, il y en aura peut-être un, deux, trois… voire pas du tout ! C’est dur de leur faire prendre conscience de ça.
Propos recueillis par O.D.
32ème journée
04/05/2025 Auxerre - HAC
33ème journée
10/05/2025 HAC - Marseille
34ème journée
18/05/2025 Strasbourg - HAC