Centenaire de l'Armistice : le HAC dans la première guerre mondiale

Le HAC dans la Première guerre mondiale ? Ce furent évidemment des drames, des joueurs mobilisés, dont cinquante tombèrent au champ d’honneur, ou plutôt d’horreur. De jeunes vies fauchées, comme celles de Pierre Six, de Xavier Bony ou de Grenier, dont les noms ont été donnés aux trois terrains annexes de la Cavée-Verte. Mais comme souvent en période d’atrocités, la vie n’est pas loin. En effet, les activités sportives gardent leur droit et les garnisons belges et anglaises (Base Park, Army Ordonnance Corps, Military Forwarding Office, Royal Army Medical Corps…) en stationnement au Havre participent durant toute la durée de la guerre à diverses rencontres contre le HAC. Ainsi, Le Petit Havre, journal local, du 18 septembre 1915, annonce dans ses colonnes :

« Demain, sur le terrain de Sanvic, le Havre Athletic Club inaugurera officiellement la saison par un match avec la redoutable équipe des infirmiers anglais, qui compte dans ses rangs les excellents Taffee et Carnoby, qui furent si souvent remarqués par le public l’an passé. De son côté, le HAC présentera une équipe bien au point qui comprendra nombre de jeunes joueurs ne demandant qu’à s’affirmer. Le match commencera à 3 heures précises.
HAC : Frémont, Carré, Lhermitte, Lemaire, Gibon, Avril, Accard, Bell, Lieber, Stempowski, Steinhauser.[…]
La 2e jouera contre une équipe des Boulangers anglais sur le terrain de Bléville à 3 heures. »

Le HAC s’illustre également au niveau national. Ainsi, le club dispute la toute nouvelle Coupe des Alliés mise en place par l’USFSA (Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques) et y brille, atteignant en 1916 la demi-finale (perdue à Rennes 3 à 0) après avoir éliminé 4 à 2 à Sanvic le tenant de l’épreuve, le CA Société Générale.

Le terrain de Sanvic nommé dans cet article est l’actuel stade Langstaff. Mais bientôt, le club, jugeant ces structures trop petites, va déménager. Albert Schadegg, président de la section autonome du HAC Football Association, a acquis un terrain appartenant à la propriété Dollfus. De nombreux prisonniers de guerre sont réquisitionnés pour effectuer les travaux de terrassement et d’aménagement, notamment transporter les anciennes tribunes de l’hippodrome du Hoc, qui était situé près du quartier des Neiges. Tout d’abord dénommé dans la presse le « nouveau terrain », cet endroit très boisé est vite rebaptisé « Cavée-Verte » et voit les premiers matches s’y dérouler en novembre 1916.

Cependant, pendant de nombreux mois, seules les équipes réserves y joueront, l’équipe première du HAC continuant d’évoluer majoritairement à Sanvic avant de s’installer définitivement dans son nouvel antre. L’inauguration officielle du stade de la Cavée-Verte a lieu le 23 décembre 1917 par un match opposant le HAC à l’équipe nationale belge, ouvrant ainsi un grand tournoi de Noël regroupant quatre équipes (aux deux déjà nommées s’ajoutent celles de la garnison belge et du Harfleur FC, formée de professionnels anglais). Pour leur grande première officielle à la Cavée-Verte, les Ciel et Marine s’inclineront 7 à 2 dans un tournoi logiquement remporté par l’équipe nationale belge.

Même en ces obscurs temps de guerre, le HAC réalise des exploits. Ainsi, en mai 1918, le HAC remporte sur un terrain parisien (stade de la Légion Saint-Michel) la finale de la Coupe nationale (compétition elle aussi créée par l’USFSA) face aux Terreaux de Lyon 4 à 1.

Le complexe sportif de la Cavée-Verte s’agrandit. Ainsi, des courts de tennis sont inaugurés le 15 août 1918 tandis que le terrain de foot est également utilisé pour la préparation militaire des futurs appelés et pour l’entretien physique des jeunes Havrais le désirant. L’armistice est enfin signé le 11 novembre 1918 mais la Cavée sera encore le théâtre de nombre de matches de charité comme celui évoqué dans la presse locale le 30 novembre :

La guerre s’est enfin achevée, mais l’histoire du Havre Athletic Club et de la Cavée-Verte perdurent. Nous y reviendrons très bientôt…

O.D.