12 février 2015

Corinne Diacre : « Je me sais davantage observée qu’un collègue homme. »

Corinne Diacre : « Je me sais davantage observée qu’un collègue homme. »
Dans quel état d’esprit venez-vous au Havre après un match nu à domicile face à Niort (1-1) ?
Corinne Diacre : « L’objectif premier est de poursuivre notre série d’invincibilité, » (sept matches dont six matches nuls, une victoire à Nancy, série démarrée le 12 décembre). « Même si les matches nuls ne nous font pas avancer assez vite, un point est toujours mieux que zéro. Il vrai que dans l’objectif du maintien, il va falloir en prendre plus et plus vite. On le sait, mais pour gagner des matches, il faut marquer des buts et notre soucis aujourd’hui est notre ratio « occasion/but ». Il est trop faible. »

Comment allez-vous abordez la rencontre de vendredi face au HAC ?
C.D : « Je sais comment faire mais je ne vais pas vous le dire afin de ne pas donner d’argument à mon collègue (rire !). Nous allons mettre un plan de jeu en place ou l’idée est de ramener au minimum un point à l’issue du match et voire mieux si possible. »

Est-ce que vous craignez cette équipe du HAC ?
C.D : « Oui bien sûr mais comme toute équipe de Ligue 2 qui évolue dans un championnat très serré. Le HAC est sur une bonne dynamique depuis la reprise et le changement d’entraîneur. C’est une équipe sérieuse qui à mon avis n’est pas à la place qui devrait être la sienne par rapport à sa production de jeu et des ambitions affichées. La Ligue 2 est un championnat compliqué. Si l’on pouvait dire à l’avance qui allait gagner, ce serait trop simple. Dance ce championnat, il y a beaucoup de surprises tous les week-ends. »

C’est difficile d’entraîner une équipe de Ligue 2 ?
C.D : « Pas plus que d’entraîner dans une autre division. Dès lors qu’il y a de l’enjeu avec un objectif de maintien, il y a de la pression. Oui, bien sûr que c’est difficile, mais si devant cette difficulté on devait baisser les bras… En ce qui me concerne, je ne regrette pas mon choix. Cette pression met un peu de piment. Vous savez, sur toute une saison on ne peut pas gagner tous les matches. Au vu de notre classement actuel, je cherche à prendre des points dans l’objectif du maintien.

Mais cette ligue 2 est particulièrement âpre, non ?
CD : « Oui c’est vrai que lorsque l’on regarde le classement tel qu’il est aujourd’hui et le peu d’écart entre les équipes, c’est effectivement très très serré et par conséquence très compliqué.

Comment se passe votre première saison à la tête d’une équipe professionnelle masculine ?
C.D : « Je ne regrette absolument pas mon choix. Je voulais entraîner. J’ai eu une proposition l’été dernier pour entraîner une équipe professionnelle, j’ai passé mes diplômes pour mais on le me l’a pas donné. Je pense l’avoir mérité tout comme mes autres collègues qui ont passé le diplôme avec moi. C’est vrai que je manquais peut-être d’expérience mais il faut bien démarrer un jour. Aujourd’hui une opportunité s’est offerte à moi, je l’ai saisie et j’espère aujourd’hui ne pas décevoir la personne qui me fait confiance à savoir : mon président. »

« Il faut parfois savoir fermer les oreilles »

Et ce monde du football que l’on dit aisément macho, sait-il se tenir ?
C.D : « Ca dépend ! (rire !) Ce monde là, j’y suis habitué puisque mes débuts dans le football ne date pas d’hier tout de même. Très sincèrement, le foot est pour moi une passion. Les difficultés, je les brave depuis ma plus tendre enfance. Quand j’ai démarré dans les années 80, le football était encore plus macho qu’aujourd’hui et si j’avais du abandonner le football, je l’aurais déjà fait. Quand on aime quelque chose, on se donne les moyens d’y arriver et savoir parfois fermer les oreilles (sourire !) »

Le football féminin est en plein essor, cela doit vous plaire ?
C.D : « Oui c’est très bien. Je suis de près l’équipe de France de Philippe Bergeroo qui s’est qui s’est qualifiée pour la prochaine Coupe du Monde. J’au vu avec grand plaisir qu’elle avait réussi à battre les Etats Unis dernièrement. Il faut donner des moyens sans que cela soit démesuré pour que les choses évoluent et la fédération Française à travers son président, Noël Le Graet le fait depuis plusieurs années. Cela donne aujourd’hui des résultats. Je suis contente de ça car je pense que le football pratiqué par les femmes même si cela ne fait pas plaisir à tout le monde a sa place en France.

Quand une femme est à la tête d’une équipe pro masculine, a-t-elle plus ou moins de pression qu’un collègue homme ?
C.D : « Je ne sais pas si l’on peut dire plus ou moins de pression. Par contre, je me sais beaucoup plus observé qu’un entraîneur homme. Je pense que certains sont encore aujourd’hui dans l’expectative et attendent de voir la fin de la saison pour savoir. Je sais que pour ces gens là, si j’échoue, ce sera normal puisque je suis une femme. Par contre, si je réussi, ils attendront ma deuxième année de contrat pour voir si ce n’était pas un coup du hasard. Je le sais donc je ne me formalise pas. Je travaille le plus professionnellement possible pour ne pas avoir de regret, ni pour moi, ni pour mon président, ni pour mon club. J’ai un groupe qui travaille bien, avec lequel cela se passe bien donc je veux réussir pour eux. »

Est-ce que le fait d’être la première femme à entraîner une équipe pro vous procure une certaine fierté ?
C.D : « Certaines femmes entraînent déjà, certes pas dans le milieu pro mais quand on voit le buzz qu’à fait Héléna Costa parce qu’un Président avait décidé de prendre une femme entraineur en Ligue 2, on n’est pas prêt à ça. Par contre les femmes sont prêtes à entraîner. On ne se pose pas la question quand les hommes entraînent les équipes féminines. Au départ c’était peut-être normal car le football féminin ne connaissait pas un tel essor, les femmes n’avaient pas les diplômes pour entraîner mais aujourd’hui, je vous demande pourquoi il n’y a qu’une femme qui entraîne en Première division féminine sur douze clubs ? Ma fierté elle est surtout en rapport avec la fierté que peuvent avoir mes proches J’ai été éducatrice, j’ai été formatrice, j’ai fait des études pour être prof d’EPS, je sais que l’éducation du sport était en moi. C’est le sujet que je maitrisais le mieux. Etre dans le sport, c’est ce que je voulais, pour le reste…

Propos recueillis par Pascal Leclerc
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