31 août 2024

Didier Digard : "On veut grandir tous ensemble !"

Joueur sous les couleurs Ciel&Marine de 12 à 21 ans, Didier Digard, âgé désormais de 38 ans, a enfilé cet été le costume d’entraîneur de son club formateur ! Son retour, ses attentes, sa vocation d’entraîneur : il se livre…
Didier Digard : "On veut grandir tous ensemble !"
Obtenir un succès dès la deuxième journée, chez un club que l’on peut estimer être un concurrent direct, est-ce un soulagement ou était-ce une réelle ambition ?
Les deux ! C’était une ambition, parce que, et c’est ce que j’essaie d’inculquer au groupe, on doit vraiment vouloir gagner chaque match, même contre Paris, du moins on doit se donner les moyens d’espérer. En tout cas, on se prépare pour les gagner ! Après, c’est le foot, tu ne peux pas toujours le faire… Mais c’est aussi un soulagement, parce qu’on sait que c’est bon pour la confiance, que c’est ensuite plus facile de diffuser des messages, parce que les joueurs s’accrochent un peu plus au résultat qu’au contenu… à la différence des coaches ! Les joueurs avaient des habitudes, tout a été un peu chamboulé, et c’est bien qu’on obtienne un résultat positif rapidement. C’est une bonne chose de faite !

Un résultat à bonifier dès dimanche contre Auxerre…
Je pense que ce sera un match totalement différent, Auxerre est une équipe dont j’aime bien la manière de travailler, elle est toujours très difficile à jouer. On va bien se préparer et on espère bonifier, d’une part parce que c’est à domicile, de l’autre parce que cela nous permettrait de passer une trêve internationale un peu plus agréable.

Ressens-tu l’engouement qui règne autour du club ?
Ce que j’ai vu lors des deux premiers matches m’a vraiment impressionné. Tout comme ce qui se passe en ville ! Je n’ai jamais vu autant de maillots, autant d’engouement. Le plus plaisant est que c’est quelque chose de très positif. Les gens sont très bienveillants, savent à quel point c’est difficile, et il n’y a jamais de message négatif. Sincèrement, ils ont tout compris ! Ça fait du bien quand on est, entre guillemets, un petit club, avec un très petit budget, de se sentir plus forts grâce à l’engouement, et de se dire qu’on le fait vraiment tous ensemble.

Dix ans après avoir quitté le HAC, as-tu retrouvé des similitudes, des gens, des valeurs ?
Des personnes, oui ! Mais en vérité, je ne peux pas dire que je connaissais réellement le club : quand on est joueur, on ne fait pas attention à tout ça, on est dans une bulle, c’est très individualiste. Là, ce que je ressens surtout, c’est un club qui évolue, ou même toute une ville, puisque la ville a énormément changé. J’ai l’impression qu’on veut grandir tous ensemble ! Le plus dur est de réussir à pérenniser. On reste des privilégiés, mais dans un climat économique très compliqué. Notre propriétaire a mis énormément d’argent mais on n’est pas une puissance financière hors norme comme certains et nous sommes de nouveaux arrivants dans l’élite, qui n’avons donc pas encore pu capitaliser sur plusieurs années. Valoriser des joueurs en Ligue 1, c’est plus simple ! Beaucoup d’éléments font qu’aujourd’hui c’est difficile, et ce qui fait qu’on arrive à s’accrocher, c’est cet élan de solidarité.

Tu n'avais jamais envisagé de revenir, tu l’as dit, mais avais-tu continué à suivre les résultats du HAC ?
J’ai toujours regardé les résultats, après chaque journée. Mais j’ai vraiment commencé à regarder les matches avec l’arrivée de Mathieu Bodmer, parce que c’est un ami et que je lui souhaitais la réussite, que j’avais vraiment envie que ça fonctionne. Et aussi parce que le papa de Luka Elsner avait joué à Nice, qu’il était une figure vraiment emblématique du club, que Luka avait grandi à Nice.

Qu’est-ce qui t’a décidé à être coach ? La gestion de l’humain ou l’envie d’élaborer un projet de jeu ?
Déjà, c’est l’amour du football, le terrain. Dans un premier temps, c’était vraiment le développement des jeunes, les aider à accomplir un rêve que j’ai pu réaliser, et, pour ceux qui ne réussissent pas, les orienter du mieux possible. Je suis très fier de rester en contact avec ces joueurs qui n’ont pas réussi. Dans un second temps, on m’a amené à réfléchir sur le fait que peut-être les pros me conviendraient encore plus. C’est là que j’ai vraiment commencé à m’interroger. Et ça a aussi été un moyen pour enfin impliquer ma famille dans le foot. Parce que je les ai toujours laissés de côté, protégés, je ne sais pas si c’était une bonne chose ou pas ! Je ne les faisais jamais venir au stade, je faisais en sorte de ne pas en parler. Et je ne sortais pas pour ne pas avoir à en parler à l’extérieur. Il ne faut pas cacher qu’il y a certains endroits où il peut y avoir des propos très durs et tu n’as pas forcément envie que tes enfants assistent à ça. Je n’ai jamais partagé avec eux, j’avais fait ce choix, et aujourd’hui j’ai changé, aussi parce qu’ils ont grandi, parce que je peux leur expliquer que chacun a le droit d’avoir son avis, de dire ce qu’il a envie, et ce n’est pas pour autant que c’est une vérité. Je me rends compte que je suis beaucoup plus épanoui comme ça.

Comment te définis-tu en tant que coach ? Y a-t-il des côtés du joueur que tu as récupérés en tant qu’entraîneur ?
Oui, je pense, déjà sur le côté compétiteur. Je ne sais pas si c’est du joueur, je pense que c’est vraiment en moi, c’est ma personnalité. Le coach découle de la personne, j’ai surtout voulu rester qui je suis et réussir comme je suis, ne pas essayer de plaire ou de diffuser un message qui n’est pas le mien. Je préfère que ça dure le temps que ça dure en étant moi-même et heureux que d’essayer de plaire à tout le monde et rentrer chez moi un jour avec des regrets. Et je préfère me sentir bien chez moi, dire à mes enfants que je suis comme je suis, que je respecte qui je suis et ce que je leur inculque. Aujourd’hui, je pense que c’est assez apprécié des joueurs. J’ai vu pas mal de coaches dans ma carrière et j’ai essayé de prendre ce qui me plaisait de chacun. Encore une fois, c’est une philosophie : plus que de ne pas prendre ce qui ne m’a pas plu, c’était de prendre ce qui m’a plu.

Tu as dit que tu avais été beaucoup influencé par Ancelotti…
C’est quelqu’un d’extraordinaire. C’est réussir à entrer en contact avec une personne qui a absolument tout gagné, que ce soit en tant que joueur ou entraîneur, et une personne qui te reçoit comme si c’était lui qui allait apprendre de toi. Ça m’a marqué, surtout de voir sa relation avec ses joueurs. Il n’essaie jamais de se mettre au-dessus d’eux, même s’il est décisionnaire et que par la force des choses il le devient, mais il n’a pas besoin de dire que c’est le boss. Ils le savent, mais il se met à la même échelle qu’eux. Il se donne la même exigence qu’eux. Tout ce qu’il leur demande, il le fait lui aussi. Il a dit dans un livre qu’il était toujours recruté pour les mêmes choses pour lesquelles il était viré. Ce qui me plaît, c’est qu’il est heureux, parce qu’il est lui-même.

Des entraîneurs qui t’ont coaché au Havre ou ailleurs, tu prends un peu ?
Je prends de tout, mais ça peut être aussi d’éducateurs que j’ai eus au centre, qui ont su me tendre la main, soit tôt par rapport à mon âge, soit une deuxième fois après des écarts de conduite. Certains, c’est sur la gestion humaine, d’autres sur un point tactique. Je ne pense pas qu’on puisse se permettre de ne pas prendre exemple sur ce qu’on a connu ou sur ce qui se fait à côté. Il y a du bon dans tout le monde.

Quand tu as pris les pros à Nice et que tu es ensuite retourné vers les jeunes, as-tu changé ton approche des pros grâce à cette expérience de six mois ?
Non ! Sincèrement, j’ai le même fonctionnement avec les jeunes ou les pros. Après, tu vas peut-être choisir tes mots différemment, mais je n’ai rien changé. C’est juste en fonction des personnes avec qui tu collabores. Tu essaies de t’adapter pour que tout le monde trouve sa place et s’épanouisse. Là, on a un fonctionnement qui peut être différent de ce que je faisais à Nice ou de ce que je faisais avec les jeunes, parce que j’ai autour de moi des personnalités différentes. Mais moi, à proprement dit, je n’ai pas changé ma manière de faire.

Tu ne connaissais personne dans le staff ?
Que Nico Douchez ! Mais brièvement, j’étais très jeune, on se croisait sur le terrain, on avait été formés au Havre. Ce sont des personnes que j’ai appris à découvrir rapidement. Il n’y a même pas eu de discussion quand on m’a présenté le projet, quand on m’a dit qu’il y avait des gens en place. Déjà parce qu’on m’a dit que la parole de Mathieu était engagée ! Je n’ai pas parlé de compétences, parce qu’on apprend tous les jours et parce qu’arrivé à ce niveau-là, tout le monde en a, je voulais juste savoir si j’avais de bonnes personnes en face de moi, parce que ça, c’est beaucoup plus difficile à changer ! C’est surtout le quotidien qui nous développe.

Ta famille est restée dans le Sud…
Je n’y suis pas encore retourné. On a passé un week-end sur Paris, mes plus grandes sont venues pendant les vacances, donc j’ai réussi à ne pas couper. La nouvelle technologie fait que c’est un peu plus facile. Ce n’est jamais trop agréable, mais c’est une habitude… Alors, c’est dur parce que je l’ai eue comme joueur quand j’étais à l’étranger, je l’ai perdue en revenant à Nice et en travaillant autant, mais ils sont tous arrivés à un âge où ils comprennent les choses… et de toutes façons, ce sont eux les fautifs puisque ce sont eux qui m’ont poussé à retourner au foot ! On le vit très bien.

En dehors du foot et de la famille, il y a de la place pour autre chose ?
Très peu… pour ne pas dire non ! J’essaie de me donner du temps mais c’est dur de couper, on a toujours un peu la tête dedans. Ce qui est agréable, c’est que l’état d’esprit du staff est tel qu’il va y avoir des moments, que ce soit à Soquence ou en dehors tous ensemble, où on finit par parler de foot mais on arrive à parler d’autre chose, à penser à autre chose. J’aimerais vraiment reprendre le sport mais pour l’instant je préfère me priver de manger ! Parce que je n’ai pas le courage, et le problème est que quand on est fatigué comme ça et qu’on reprend le sport, généralement ça finit mal ! Ça va venir… J’avais trouvé un rythme de croisière à Nice que je n’ai pas pu encore adopter, parce que ça faisait beaucoup de changements. Mais là, tout se met en place, on va arriver avec la fin du mercato dans une phase plus calme, et on espère amener de la sérénité avec les résultats et se donner du temps.

Propos recueillis par Olivia Detivelle
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