[Dossier] Ramadan et foot, c’est compatible

Pour Jamel Aït Ben Idir, la question ne se pose même pas : « Je vis ce mois de jeûne comme le plus beau de l’année. Il serait réducteur de penser qu’il s’agit simplement de ne pas manger ni boire, c’est surtout une période de purification du cœur et de l’esprit à laquelle je tiens particulièrement car sur un plan spirituel, ça fait beaucoup de bien ». Pratiquant le Ramadan depuis l’âge de la puberté, Jamel a une expérience suffisante pour compenser les manques nutritionnels et notamment ce qui est le plus dur pour un sportif, l’absence d’hydratation dans la journée par une force mentale qu’il puise dans sa croyance religieuse.

Pas question pour lui de rompre le jeûne mais le jour du match : « seuls les malades et les voyageurs peuvent le faire. Il existe un verset coranique très explicite à ce sujet », insiste t-il et de poursuivre : « Jacques Santini avait dit un jour : "Ce que la tête veut, le pied peut". C’est dans cet état d’esprit que je concilie le football et ma pratique religieuse et cela me donne une force mentale supplémentaire ».

Jamel n’est pas le seul au HAC à faire le Ramadan. Adama Soumaré, Abasse Ba et Cheik Oumar Dabo entre autres le pratiquent, mais à ceci près qu’ils rompent tous les trois le jeûne le jour du match : « Cela fait seulement deux ans et demi que je le fais pleinement », explique Adama : « Je n’ai pas encore la force mentale nécessaire pour faire le Ramadan le jour du match sans que cela nuise à mes performances », soulignant au passage qu’il aimerait y parvenir au fil du temps.

Pour Oumar Dabo, il est possible de rompre le jeun lorsque celui-ci peut nuire à l’intérêt collectif. Le reste de la semaine, Oumar explique qu’il se lève vers 5 heures du matin afin de bien manger et de surtout beaucoup boire pour pouvoir tenir toute une journée ponctuée par les séances d’entraînements.

Le football dont les détracteurs parlent souvent de l’excès d’argent ou de violence peut aussi être un vecteur de rassemblement entre personne d’origines et de religions différentes : « Un dialogue s’instaure avec les non musulmans du groupe qui se demandent plus particulièrement comment nous faisons pour tenir sans manger ni boire », explique Abasse : « Pour les musulmans, cette période du ramadan est l’occasion de se rapprocher davantage. C’est la première fois que dans un club, j’ai autour de moi autant de musulmans, c’est plus facile pour tenir et je me sens moins seul ».