Féminines / Romain Chevrier : "C’est le même sport !"

Romain, tu possèdes un CV particulièrement riche !
J’ai été joueur professionnel en Ligue 2 à Clermont, puis j’ai joué en National, en CFA. J’ai aussi un bac + 4, une maîtrise de Management du sport, et une licence d’Education Motricité qui me permet d’être professeur, de faire des remplacements de professeur. En parallèle de ma carrière, j’ai passé tous mes diplômes d’entraîneur. Mon objectif était d’être joueur, d’être prof d’EPS, puis après d’entraîner ! J’ai été entraîneur au centre de formation de Châteauroux : les U19 pendant sept ans, les U17 pendant un an. Puis le centre de formation a fermé, j’étais donc en recherche d’un nouveau projet. L’obtention du diplôme de Formateur il y a deux ans m’a donné le goût et l’envie d’avoir des responsabilités sur la direction d’un centre, sur la mise en place d’un projet. J’ai donc répondu à l’appel d’offre du HAC. Le projet du centre féminin était une belle opportunité pour moi.

D’autant que ton parcours plaide en faveur du double projet, sportif et scolaire, souvent mis en avant par les clubs, particulièrement chez les filles…
Oui, j’ai un parcours atypique. Je suis arrivé un peu tard dans le foot de haut niveau, je suis passé par une section sportive mais il n’y avait pas de centre de formation à Clermont, d’où je suis originaire. J’étais étudiant, j’étais d’abord avec la réserve en tant qu’amateur. Il fallait vraiment un plan B, alors je menais en parallèle mes études. On se bat pour la nécessité des études chez les garçons mais aussi chez les filles. Elles ont du mal parfois à s’en rendre compte ! Effectivement, mon parcours peut être un exemple de ce côté-là.

Tu n’as donc jamais entraîné de filles auparavant ?
C’est ma première expérience de coaching dans le foot féminin. Mais j’ai été professeur d’EPS et, quand j’étais plus jeune, j’ai été entraîneur de tennis, et j’ai entraîné des femmes. Ma compagne a quant à elle joué au foot en R1. Je l’ai souvent suivie, je l’ai vue souvent jouer, entendu beaucoup discuter de football avec ses copines. Ce dont je me rends compte au quotidien, c’est qu’il n’y a pas grande différence entre les garçons et les filles. C’est le même sport ! Oui, ça peut aller moins vite, ça tape moins fort, mais c’est la même chose.

Y a-t-il tout de même une différence en termes de management ?
Les deux ont une gestion de leurs émotions différente. Les filles vont montrer plus facilement leurs émotions que les garçons. Cependant, pour moi, ils ressentent les mêmes émotions. Quand je vais engueuler un garçon, il éprouvera la même chose qu’une fille. Sauf que la fille, peut-être, va pleurer, et que le garçon ne va pas le montrer. Mais ça aura eu le même impact sur les deux. Elles tentent exactement les mêmes choses que les garçons, elles nous testent en permanence, comme les garçons ! Ce sont des enfants, des ados. Ils sont tous pareils ! L’important pour moi est d’être juste. Je n’ai jamais, en tout cas c’est l’impression que j’ai, été virulent avec quelqu’un qui ne le méritait pas. Je ne suis surtout jamais dans la méchanceté et je reste dans l’idée de justice. Si je dois pousser une gueulante, c’est parce que c’est justifié, ce n’est pas pour faire de l’autoritarisme. Mon idée est que les filles apprennent et prennent du plaisir en apprenant. Si je leur crie dessus tout le temps, je ne suis pas sûr que ça marche ! Mais parfois elles en ont besoin… Une des différences quand même, c’est qu’elles vont plus vite reconnaître leurs torts, plus vite être en capacité de s’excuser. Une grosse différence aussi est qu’une de mes jeunes m’a dit : « Coach, est-ce qu’on peut partir un petit peu plus tôt pour aller au lycée, on a peur d’être en retard ? » Ça, ça ne serait jamais arrivé avec des garçons ! Jamais ! Donc, il y a quand même quelques différences, mais c’est plutôt dans le positif, et les garçons devraient plutôt prendre exemple !

Propos recueillis par Olivia Detivelle