Jean-Michel Roussier : "Enchaîner une troisième saison en Ligue 1 !"

Pour la première fois depuis 25 ans, le HAC enchaîne deux saisons en Ligue 1. Que cela vous inspire-t-il ?
C’était l’objectif ! Et d’en enchaîner une troisième ! Donc, OK, c’est bien, on est montés, on s’est maintenus, il faut maintenant continuer, avec pour objectif de se maintenir encore, et encore, et encore.

Démarrer par le PSG, cela vous fait-il peur ?
Non, pas du tout ! On ne le sait évidemment qu’après, mais on se dit toujours que le moment où les équipes de ce calibre-là sont le moins prêtes, c’est au tout début du championnat. Alors, commencer par Paris, ça permet de faire l’ouverture, de jouer le vendredi à 20 h 45, et juste après les Jeux Olympiques, donc c’est parfait !

Les objectifs sportifs, les objectifs de développement, quels sont-ils ?
Les objectifs sportifs, c’est évidemment le maintien. On va souffrir énormément économiquement cette année… Chaque année, j’ai l’impression de faire la pleureuse ! Chaque année, il y a un problème financier… Après le dossier CVC, qui continue, le problème étant récurrent tant qu’on n’a pas touché ce qu’on devait toucher, cette saison, il y a la baisse terrible des droits télé.

Justement, où en est-on ?
Concernant CVC, la mise en place devant le tribunal de la procédure sur le fond, cette fois-ci, aura lieu en septembre. Et concernant les droits télé, je donne rarement des chiffres, mais ceux-ci sont importants : l’année dernière, en termes de droits télé, on a touché 15 millions d’euros. A classement identique, cette année, nous toucherons 6 millions d’euros. Il y a 9 millions d’euros de baisse. Pour le budget qu’on avait touché l’année dernière, c’est moins 60 %. C’est un désastre total. Donc, on va calmer les objectifs structurants sur lesquels on était partis, parce que là, économiquement, on ne saura pas les faire. Et tout sera pour les objectifs sportifs qui sont le maintien, le maintien, et encore le maintien. Parce qu’on n’est pas les seuls à souffrir, les autres clubs vont souffrir, évidemment. Souffriront beaucoup moins tous les clubs qui jouent les coupes d’Europe. Les montants auxquels nous avons accès, nous, Le Havre, comme neuf ou dix autres clubs, ce sont uniquement les montants de ce qu’on appelle les droits domestiques, c'est-à-dire ce que les télés qui diffusent en France ont acheté. Ce que les télés qui diffusent à l’étranger ont acheté n’est réservé qu’aux clubs participant aux coupes d’Europe. Ça, c’était la nouvelle organisation statutaire de la répartition des droits. Par conséquent, on est neuf, dix clubs qui vont particulièrement souffrir. D’autres peut-être encore plus que nous parce qu’ils ont des masses salariales encore plus élevées que les nôtres. Mais ça ne me rassure pas plus que ça !

Vous êtes vu un peu comme le porte-drapeau de la lutte…
C’est comme ça que c’est vécu par beaucoup… Personnellement, je ne vise pas la tête de Vincent Labrune, je veux simplement que Le Havre soit respecté. C’est ce que je lui ai dit, c’est ce que j’ai toujours dit : on a été spoliés et je veux réparation de la façon dont on a été spoliés. Et maintenant, à cette spoliation s’ajoute un échec retentissant de la Ligue sur la commercialisation des droits télé. Mais cet échec retentissant, on est censés être 18 présidents à le subir. Je ne suis le porte-drapeau de personne, je ne suis que le porte-drapeau du HAC. Encore une fois, je n’ai rien contre la Ligue, je me fous de la personnalité du président de la Ligue. Je veux juste que ce dont on a été spoliés soit réparé.

En deux ans, vous avez réussi à susciter un engouement terrible autour du HAC. Vous en êtes fier ?
C’est la chose dont je suis le plus fier ! Je n’ai pas réussi seul, on a réussi. Et il ne faut jamais oublier le rôle et l’importance de Vincent Volpe dans cette réussite. Encore une fois, compte tenu du contexte financier, s’il n’y avait pas Vincent, jamais on n’aurait fait la moitié de ce qu’on a fait. Il faut que les gens en soient bien conscients, l’argent ne tombe pas du ciel ! On est une société de sport, d’entertainment, de spectacle, de ce qu’on veut, mais il faut de l’argent pour ça. Donc je suis extrêmement fier de ce qu’on a fait collectivement, collégialement, avec Vincent, avec Mathieu, avec toutes les équipes, avec tous ceux qui travaillent au club et qui ont plus que contribué à mettre le HAC au niveau auquel il est. Moi, c’était juste de la mise en musique ! Ici, nous avons de vrais opérateurs, une équipe remarquable qui fait le job.

L’enthousiasme autour du club est tout de même inédit…
Il ne faut pas décevoir les gens. Quand on a définitivement admis que Luka s’en allait, le choix de Didier s’est imposé. Nous sommes convaincus qu’il s’inscrit dans un projet ambitieux, avec un plan de jeu différent dans le but de continuer à enthousiasmer. Je pense que nous avons fait le bon choix.

Propos recueillis par Olivia Detivelle