Le foot et le HAC comme thérapie pour des patients havrais

L’initiative est venue en fin de saison dernière à l’occasion du match de play-off entre le HAC et Brest. Un patient de l’institution hospitalière Pierre-Janet a émis auprès du personnel l’envie de venir assister à cet événement ayant marqué la fin de saison dernière du HAC. L’idée a été validée par l’institution hospitalière et a rencontré un vrai succès auprès des cinq patients qui se sont rendus ce soir là au Stade Océane. Quelques jours plus tard était organisée au sein de l’institution la diffusion sur écran du second match de play-off entre l’AC Ajaccio et le HAC. Là encore, ce fut un succès, et l’idée de créer un atelier thérapeutique autour du HAC est ainsi née.

Dès lors se posait la question de comment renouveler l’opération plus souvent lors de la saison suivante. Les trois infirmières ayant accompagné cette initiative, Julie Clech, Caroline Bouffay et Lucie Brochard, ont alors présenté un projet à la direction de l’institution qui a validé la mise une place de cet atelier, puis contacté le HAC qui a aussitôt mis 8 abonnements à la disposition de cet atelier. Le 27 octobre, l’opération débutait à l’occasion de l’affiche HAC - Lens. "Nous venons avec un petit groupe de six patients, quatre assistent à tous les matchs, et nous alternons les patients pour les deux autres places, confie Julie Clech, les patients sont de tous les âges, ils ont des pathologies différentes, mais sont tous très heureux de venir assister aux matchs du HAC. Nous sommes mêmes victimes de notre succès : nous avons beaucoup plus de demande que d’offre", se félicite-elle.

Cette escapade offre à des patients qui n’ont pas le loisir de sortir de l’institution en temps normal un peu de changement dans leur quotidien. Pour Julie Clech, "le patient qui est à l’initiative de la première demande ne sortait jamais de l’établissement, mais, depuis la mise en place de cet atelier, il arrive à sortir sur l’extérieur". Caroline Bouffay, sa collègue, insiste quant à elle sur "le fait de se retrouver au milieu de la foule n’est pas quelque chose d’évident pour certains patients, qui plus est le soir, la nuit, mais notre présence à leurs côtés les rassure. De plus, tout se passe très bien avec les spectateurs autour de nous", assure-elle.

Le succès de cette opération donne des idées aux deux infirmières qui envisagent désormais des "sorties foot" à l’occasion des matchs de la Coupe du Monde féminine parmi les rencontres qui se joueront au Havre, mais pas seulement : en fonction des attentes des patients, des sorties pour regarder des séances d‘entraînements et même une visite du stade sont envisagées.

A quelques semaines du terme de la saison, Julie, Caroline et Lucie dressent un premier bilan de cet atelier thérapeutique, et ce dernier est "très positif à 100%, nous n’avons rencontré aucun souci lors de ces matchs, nos patients ont pris énormément de plaisir, ils attendent chaque match avec impatience", lance Julie avant que Daniel, un patient qui a assisté à pratiquement tous les matchs de la saison, ne la coupe pour ajouter : "On parle des matchs pendant toute la semaine qui précède, là on ne parle que du match face au Paris FC !", dit-il avec un large sourire. Caroline ajoute : "Ils ont constitué un petit groupe qui est rythmé par un match tous les 15 jours, ils commentent tous les résultats, le classement, cela a aussi permis de créer des relations soignant-soigné où la confiance s’est installée, ils nous voient dans un contexte différent, par petits groupes, on en apprend plus sur eux et vice-versa".

Daniel, patient de l’institution, se remémore la première sortie, il y a près d’un an : "On était tout content, nous avons mangé en ville puis nous sommes allés au stade. Le foot m’a toujours passionné, autrefois, j’allais souvent à Deschaseaux, et retrouver cette ambiance de stade, surtout ici au Stade Océane, c’est bien et ça change de ce que j’ai connu. Parler du match avant, pendant et après, cela nous a permis de former un groupe d’amis qui sont des personnes que je connaissais, mais sans plus. Aujourd’hui, nous avons trouvé un centre d’intérêt commun. Cela me permet de réapprendre à vivre, voir plein de gens que je ne connais pas, aller chercher un petit café à la buvette, être normal et faire des choses banales, c’est important, c’est un bol d’air dans notre quotidien. C’est comme pour des jeunes qui vont en boîte de nuit, nous, nous sommes contents d’aller au stade et on attend cela avec impatience !"

Julie, Caroline et Lucie tiennent à conclure cet entretien de manière très positive : "Notre direction est très contente de l’atelier, des bienfaits qui en découlent. Nous avons la chance d’avoir un encadrement ayant porté le projet de nos patients, un projet que nous espérons pouvoir prolonger". C’est bien noté !

Emmanuel Lelaidier