11 novembre 2023
Nabil Alioui : "Nous ne sommes pas du genre à lâcher l’affaire…"
Meilleur buteur havrais (4 buts), formé chez notre adversaire du jour, l’AS Monaco, Nabil Alioui découvre cette saison la Ligue 1…

A la fin d’un match comme celui de Toulouse, on se sent comment ?
Très heureux ! Surtout de la manière dont cela s’est passé ! Les victoires qui s’arrachent à la 95e, c’est toujours beau ! Ça fait du bien, on en avait besoin, c’est la première à l’extérieur… Je n’ai jamais vu un match avec un tel scénario ! Alarme, arrêt de match, la VAR trois fois… Trop de rebondissements ! On ne savait plus à quelle minute on était…
Ça donne des points… et de la confiance !
Ce n’est que du positif. Certes, sur le jeu, on peut mieux faire, mais il nous fallait absolument une victoire, car nous étions sur une série plus ou moins mauvaise. Surtout qu’il y a un gros match qui arrive contre Monaco.
Et toi, le match contre Monaco te touche particulièrement !
J’ai été formé là-bas, donc oui, mais c’est toujours agréable d’affronter de grandes équipes. Ça va être un très beau match à jouer.
Qui sera à guichets fermés !
Ça aussi, c’est toujours aussi plaisant ! Quand je suis arrivé en 2020, le stade était vide… En plus, il y avait la période Covid, et même quand il y avait des spectateurs, c’était parfois seulement 2000 ou 3000… C’est ce qu’il y a maintenant quand on fait la reconnaissance terrain une heure et demie avant le match ! Ce qui se passe est incroyable.
C’est grâce à vous !
Grâce aussi à tous les gens qui travaillent pour le club ! C’est collectif, le staff, les joueurs, les personnes qui sont dans les bureaux, tout le monde fait que le club avance, tout le monde apporte quelque chose. On travaille dans un endroit sain, avec de bonnes personnes.
Le HAC effectue un bon début de saison : 14 points, 7e, au bout de onze matches. Est-ce en adéquation avec ce que tu espérais ?
C’est dur, bien sûr, parce qu’il y a de très belles équipes, mais c’est magnifique ! Nous ne nous attendions pas à ça, mais nous nous donnons les moyens, nous travaillons, et nous essayons de retranscrire tout cela sur le terrain. Mais nous sommes récompensés de notre investissement.
Et vous montrez du caractère ! Parce qu’il n’y a pas eu que Toulouse, il y a eu aussi Montpellier, Rennes, Lyon, avec des points glanés au courage, ou arrachés à la fin…
Il faut tenir ! Bien sûr, nous savons qu’il y a des équipes hors norme, meilleures que nous, il faut aussi avoir cette humilité, cette lucidité. Nous sommes promus, mais si nous sommes vaincus, rien ne nous empêche de repartir au travail et de nous donner à fond pour les matches suivants. Nous ne sommes pas du genre à lâcher l’affaire…
Cela a été répété médiatiquement, le HAC ne marquait plus. En tant qu’attaquant, cela t’agaçait d’entendre cela ?
Non. Mes coéquipiers et moi, nous nous sommes concentrés sur ce que nous avions à faire. Nous savions que nous n’avions pas marqué depuis longtemps ! Mais nous avons réussi à marquer deux fois à Toulouse, nous avons eu des occasions. Après, il y a des périodes moins bonnes, et là, j’espère que nous avons fini de la traverser.
Toi qui découvres la Ligue 1, et ça se passe bien puisque tu es le meilleur buteur du club avec quatre réalisations, quel est ton ressenti ?
En fait… je ne sais pas ! J’allais dans l’inconnu, j’avais hâte, forcément, de découvrir la Ligue 1 et ses équipes de haut standing. C’est évidemment différent de la Ligue 2, parce que nous avons beaucoup moins le ballon. Toutes les équipes jouent au foot ! Il est compliqué de garder le ballon, parce qu’il y a des joueurs de très haute qualité, et même certains au-delà ! Je suis très content d’y être…
C’est une envie qui te poursuivait depuis tout petit ?
Bien sûr ! C’est le plus haut niveau national, donc, quand tu rêves de devenir footballeur professionnel, tu rêves de Ligue 1.
Parfois, la charge mentale dépasse-t-elle le plaisir que tu éprouves à jouer ?
Je ne le perçois pas comme cela. Je perçois plus de l’excitation que de la pression. Nous découvrons cette division, et je me dis qu’il faut montrer que nous pouvons rivaliser, c’est plutôt une pression positive. Nous jouons dans des stades magnifiques, c’est incroyable, c’est un rêve de gosse !
Si tu n’avais pas été footballeur, qu’aurais-tu fait ? Tu peux l’imaginer ?
Non ! Je le vois même avec des personnes de notre entourage, qui font des études et finalement ne savent pas ce qu’elles veulent faire ! Nous, nous vivons de notre passion, tout le monde voudrait vivre de sa passion ! Alors moi, je ne me voyais pas faire autre chose…
Le foot, c’est ta plus grande passion ?
Oui, depuis tout petit. Que ce soit à l’école, à la maison, partout… Où que je sois, j’avais un ballon, je jouais… Dans les mariages, en costume, on enlevait la veste et on allait jouer !
Et tu en regardes ?
Non ! J’en regardais petit, à l’époque où la Ligue des Champions était sur TF1. Hormis les matches de la sélection marocaine, je ne regarde presque rien. Certains footballeurs en regardent beaucoup, voire plusieurs matches en même temps ! Pour moi, c’est impossible. J’aime bien me détacher un peu. Chacun a sa façon de le vivre, chacun peut être passionné mais le vivre différemment. Ce n’est pas parce que je ne regarde pas de foot que je ne suis pas passionné. Je préfère jouer que regarder.
Alors, que fais-tu quand tu n’es pas à Soquence ou au Stade Océane ?
Je suis chez moi, tranquille… Parfois, quand il fait beau (NDLR : il insiste sur le « parfois » !), je vais faire une petite balade à la plage, marcher, prendre l’air… Sinon, je suis très casanier. Mais je ne suis ni séries, ni films… Un peu les mangas, sinon c’est téléphone, la Play… Mais Play 2 ! Je suis dans la nostalgie, je joue à PES6. J’ai grandi avec ça, j’ai aimé, et plus le temps avançait, plus je me suis éloigné de la Play… Mais ça, j’y suis resté fidèle.
Justement, que dirais-tu aujourd’hui à l’enfant que tu étais, disons, quand tu avais 9 ou 10 ans ?
Vers 9, 10 ans, je prenais du plaisir, j’étais inconscient de ce que je pouvais faire. Et de mes 10 ans à maintenant, il y a eu beaucoup de chemin parcouru… Ce ne fut pas facile… Tu t’accroches à ton rêve ! Même si parfois tu le vois un peu s’éloigner, il y a toujours quelque chose qui t’y retient… Tu te dis que ce n’est pas fini, que tu le voulais depuis longtemps, alors tu redoubles d’efforts. Tu fais tout ce que tu peux pour rattraper cette distance qui existe entre ton rêve et toi. Il y a des bons moments, d’autres plus difficiles, des épreuves. Tu te dis : « Ce n’est pas ce que je pensais. » Quand j’étais petit, je ne faisais que prendre du plaisir ! Mais quand tu entres dans quelque chose un peu plus professionnel, forcément, ce n’est plus le foot de tes 10 ans…
A quel moment as-tu compris que tu pouvais atteindre ce rêve ?
Dans un premier temps, quand tu entres dans un centre de formation, tu te dis que tu as une chance de l’atteindre. Au fil des années, tu te découvres, aussi ! Quand tu joues dans ton quartier, tu ne joues pas avec les meilleurs, mais au centre, oui, tu es avec les meilleurs joueurs de ta génération qui ont été recrutés. Et tu te demandes ce que tu vaux parmi ces meilleurs ! Au fil du temps, tu penses que ce n’est pas mal, que tu fais de bonnes choses. Tu grandis aussi en tant qu’être humain, et tu te dis que tu n’es pas loin, que tu y es presque… Tu mets tout en place pour atteindre ton objectif.
Il faut être fort mentalement !
Avant que j’entre en centre de formation, on m’a affirmé que c’était 70 % dans la tête et 30 % dans les pieds. Je ne comprenais pas pourquoi ! Je me disais que si j’étais bon sur le terrain, j’allais passer, et c’était tout ! Aujourd’hui, je pense même que c’est plutôt 75 ou 80 dans la tête ! Mais parfois, on peut rencontrer des obstacles, des gens… Personne n’a eu une formation toute belle du début à la fin, il y a forcément des moments plus durs. Parfois, c’était très compliqué.
En parles-tu parfois avec les plus jeunes de l’effectif, ceux qui viennent de signer professionnel ?
J’ai l’impression que ces jeunes-là sont déjà plus vieux que nous mentalement ! (rires) On a l’impression qu’ils connaissent plus de choses que nous ! Bien sûr, on peut leur apporter quelque chose, mais on n’a pas forcément envie d’aller les voir et prétendre qu’on a réussi. Surtout qu’on n’a pas forcément réussi un « truc de ouf » ! En tout cas pour ma part, parce que je n’ai que 24 ans… Mais les plus anciens, eux, peuvent apporter leur expérience, je pense notamment à Oualid, qui a connu plusieurs montées. Pour mon cas personnel, c’est plus compliqué, je viens de découvrir la Ligue 1, à la limite, je l’ai connue avec eux ! Je reste à ma place. Si bien sûr, on me pose des questions, si je peux donner quelques conseils à mon échelle, je serai là pour eux. Mais ils savent déjà ce qu’ils doivent faire, et avec l’exigence qu’il y a à l’entraînement, je pense qu’ils comprennent très vite.
On dit que tu es chambreur… C’est vrai ?
J’aime beaucoup rigoler, dans n’importe quelle circonstance. Même dans les moments sérieux, j’aime détendre l’atmosphère. Attention, je suis impliqué, mais j’y vais de ma blague. Chambreur, taquin, oui… sinon, ce n’est pas drôle ! Si personne n’est chambreur dans le vestiaire, c’est un cimetière ! La bonne ambiance qu’on a, c’est grâce à ça ! Tout le monde chambre ! Parce que, si j’attaque dès que je peux, les autres aussi ! Mais je ne rigole pas sur les autres, je rigole avec les autres.
Dans la peau de quel sportif aimerais-tu passer une journée ?
Un basketteur ! Un joueur de la NBA ! Ils ont ce truc cool, ils font le show, ça me plaît… Alors, Lebron James ou Stephen Curry !
Les Etats-Unis, tu connais ?
Oui, j’y ai déjà fait un voyage. C’est une autre culture, une autre perception des choses… Quand tu arrives là-bas, il y a quelque chose de cool, tu le ressens aussitôt. Pour Los Angeles, parce que New York, c’est différent. Mais Los Angeles, ça me va.
Après footballeur, tu te vois faire quoi ? Rester dans le milieu ?
Je ne sais pas… Si je reste dans le milieu, je ne sais pas vraiment dans quoi. Mais j’aimerais plus retrouver ma famille. Parfois, on ne se voit pas pendant six mois... Même quand j’ai deux jours de repos, je ne peux pas descendre dans le Sud (NDLR : Nabil est originaire de Toulon), c’est trop loin. Donc, j’aimerais profiter avec ma famille. La vie est courte ! J’ai une grande famille, et c’est magnifique ! Je peux faire du foot à 7 avec mes frères et sœurs… (rires) Je suis le plus petit, le chouchou, clairement ! Il faut le dire ! Beaucoup travaillent dans le social, notamment à l’Ecole de la Deuxième Chance, ils aiment aider. Nous n’avons pas grandi sur des chaises en or, mais nous avons reçu une éducation, et aider fait partie de cette éducation. Pour rebondir sur une des questions précédentes, je pense que si je n’avais pas été footballeur, j’aurais pu faire ça. Leur plaisir, ce n’est même pas de recevoir leur paie, c’est de voir la reconnaissance des gens. Ils kiffent leur boulot ! C’est une fierté d’aider les gens, c’est ce côté humain que j’approuve à 100 %. Parfois, on le perd un peu dans le foot…
Propos recueillis par Olivia Detivelle
Très heureux ! Surtout de la manière dont cela s’est passé ! Les victoires qui s’arrachent à la 95e, c’est toujours beau ! Ça fait du bien, on en avait besoin, c’est la première à l’extérieur… Je n’ai jamais vu un match avec un tel scénario ! Alarme, arrêt de match, la VAR trois fois… Trop de rebondissements ! On ne savait plus à quelle minute on était…
Ça donne des points… et de la confiance !
Ce n’est que du positif. Certes, sur le jeu, on peut mieux faire, mais il nous fallait absolument une victoire, car nous étions sur une série plus ou moins mauvaise. Surtout qu’il y a un gros match qui arrive contre Monaco.
Et toi, le match contre Monaco te touche particulièrement !
J’ai été formé là-bas, donc oui, mais c’est toujours agréable d’affronter de grandes équipes. Ça va être un très beau match à jouer.
Qui sera à guichets fermés !
Ça aussi, c’est toujours aussi plaisant ! Quand je suis arrivé en 2020, le stade était vide… En plus, il y avait la période Covid, et même quand il y avait des spectateurs, c’était parfois seulement 2000 ou 3000… C’est ce qu’il y a maintenant quand on fait la reconnaissance terrain une heure et demie avant le match ! Ce qui se passe est incroyable.
C’est grâce à vous !
Grâce aussi à tous les gens qui travaillent pour le club ! C’est collectif, le staff, les joueurs, les personnes qui sont dans les bureaux, tout le monde fait que le club avance, tout le monde apporte quelque chose. On travaille dans un endroit sain, avec de bonnes personnes.
Le HAC effectue un bon début de saison : 14 points, 7e, au bout de onze matches. Est-ce en adéquation avec ce que tu espérais ?
C’est dur, bien sûr, parce qu’il y a de très belles équipes, mais c’est magnifique ! Nous ne nous attendions pas à ça, mais nous nous donnons les moyens, nous travaillons, et nous essayons de retranscrire tout cela sur le terrain. Mais nous sommes récompensés de notre investissement.
Et vous montrez du caractère ! Parce qu’il n’y a pas eu que Toulouse, il y a eu aussi Montpellier, Rennes, Lyon, avec des points glanés au courage, ou arrachés à la fin…
Il faut tenir ! Bien sûr, nous savons qu’il y a des équipes hors norme, meilleures que nous, il faut aussi avoir cette humilité, cette lucidité. Nous sommes promus, mais si nous sommes vaincus, rien ne nous empêche de repartir au travail et de nous donner à fond pour les matches suivants. Nous ne sommes pas du genre à lâcher l’affaire…
Cela a été répété médiatiquement, le HAC ne marquait plus. En tant qu’attaquant, cela t’agaçait d’entendre cela ?
Non. Mes coéquipiers et moi, nous nous sommes concentrés sur ce que nous avions à faire. Nous savions que nous n’avions pas marqué depuis longtemps ! Mais nous avons réussi à marquer deux fois à Toulouse, nous avons eu des occasions. Après, il y a des périodes moins bonnes, et là, j’espère que nous avons fini de la traverser.
Toi qui découvres la Ligue 1, et ça se passe bien puisque tu es le meilleur buteur du club avec quatre réalisations, quel est ton ressenti ?
En fait… je ne sais pas ! J’allais dans l’inconnu, j’avais hâte, forcément, de découvrir la Ligue 1 et ses équipes de haut standing. C’est évidemment différent de la Ligue 2, parce que nous avons beaucoup moins le ballon. Toutes les équipes jouent au foot ! Il est compliqué de garder le ballon, parce qu’il y a des joueurs de très haute qualité, et même certains au-delà ! Je suis très content d’y être…
C’est une envie qui te poursuivait depuis tout petit ?
Bien sûr ! C’est le plus haut niveau national, donc, quand tu rêves de devenir footballeur professionnel, tu rêves de Ligue 1.
Parfois, la charge mentale dépasse-t-elle le plaisir que tu éprouves à jouer ?
Je ne le perçois pas comme cela. Je perçois plus de l’excitation que de la pression. Nous découvrons cette division, et je me dis qu’il faut montrer que nous pouvons rivaliser, c’est plutôt une pression positive. Nous jouons dans des stades magnifiques, c’est incroyable, c’est un rêve de gosse !
Si tu n’avais pas été footballeur, qu’aurais-tu fait ? Tu peux l’imaginer ?
Non ! Je le vois même avec des personnes de notre entourage, qui font des études et finalement ne savent pas ce qu’elles veulent faire ! Nous, nous vivons de notre passion, tout le monde voudrait vivre de sa passion ! Alors moi, je ne me voyais pas faire autre chose…
Le foot, c’est ta plus grande passion ?
Oui, depuis tout petit. Que ce soit à l’école, à la maison, partout… Où que je sois, j’avais un ballon, je jouais… Dans les mariages, en costume, on enlevait la veste et on allait jouer !
Et tu en regardes ?
Non ! J’en regardais petit, à l’époque où la Ligue des Champions était sur TF1. Hormis les matches de la sélection marocaine, je ne regarde presque rien. Certains footballeurs en regardent beaucoup, voire plusieurs matches en même temps ! Pour moi, c’est impossible. J’aime bien me détacher un peu. Chacun a sa façon de le vivre, chacun peut être passionné mais le vivre différemment. Ce n’est pas parce que je ne regarde pas de foot que je ne suis pas passionné. Je préfère jouer que regarder.
Alors, que fais-tu quand tu n’es pas à Soquence ou au Stade Océane ?
Je suis chez moi, tranquille… Parfois, quand il fait beau (NDLR : il insiste sur le « parfois » !), je vais faire une petite balade à la plage, marcher, prendre l’air… Sinon, je suis très casanier. Mais je ne suis ni séries, ni films… Un peu les mangas, sinon c’est téléphone, la Play… Mais Play 2 ! Je suis dans la nostalgie, je joue à PES6. J’ai grandi avec ça, j’ai aimé, et plus le temps avançait, plus je me suis éloigné de la Play… Mais ça, j’y suis resté fidèle.
Justement, que dirais-tu aujourd’hui à l’enfant que tu étais, disons, quand tu avais 9 ou 10 ans ?
Vers 9, 10 ans, je prenais du plaisir, j’étais inconscient de ce que je pouvais faire. Et de mes 10 ans à maintenant, il y a eu beaucoup de chemin parcouru… Ce ne fut pas facile… Tu t’accroches à ton rêve ! Même si parfois tu le vois un peu s’éloigner, il y a toujours quelque chose qui t’y retient… Tu te dis que ce n’est pas fini, que tu le voulais depuis longtemps, alors tu redoubles d’efforts. Tu fais tout ce que tu peux pour rattraper cette distance qui existe entre ton rêve et toi. Il y a des bons moments, d’autres plus difficiles, des épreuves. Tu te dis : « Ce n’est pas ce que je pensais. » Quand j’étais petit, je ne faisais que prendre du plaisir ! Mais quand tu entres dans quelque chose un peu plus professionnel, forcément, ce n’est plus le foot de tes 10 ans…
A quel moment as-tu compris que tu pouvais atteindre ce rêve ?
Dans un premier temps, quand tu entres dans un centre de formation, tu te dis que tu as une chance de l’atteindre. Au fil des années, tu te découvres, aussi ! Quand tu joues dans ton quartier, tu ne joues pas avec les meilleurs, mais au centre, oui, tu es avec les meilleurs joueurs de ta génération qui ont été recrutés. Et tu te demandes ce que tu vaux parmi ces meilleurs ! Au fil du temps, tu penses que ce n’est pas mal, que tu fais de bonnes choses. Tu grandis aussi en tant qu’être humain, et tu te dis que tu n’es pas loin, que tu y es presque… Tu mets tout en place pour atteindre ton objectif.
Il faut être fort mentalement !
Avant que j’entre en centre de formation, on m’a affirmé que c’était 70 % dans la tête et 30 % dans les pieds. Je ne comprenais pas pourquoi ! Je me disais que si j’étais bon sur le terrain, j’allais passer, et c’était tout ! Aujourd’hui, je pense même que c’est plutôt 75 ou 80 dans la tête ! Mais parfois, on peut rencontrer des obstacles, des gens… Personne n’a eu une formation toute belle du début à la fin, il y a forcément des moments plus durs. Parfois, c’était très compliqué.
En parles-tu parfois avec les plus jeunes de l’effectif, ceux qui viennent de signer professionnel ?
J’ai l’impression que ces jeunes-là sont déjà plus vieux que nous mentalement ! (rires) On a l’impression qu’ils connaissent plus de choses que nous ! Bien sûr, on peut leur apporter quelque chose, mais on n’a pas forcément envie d’aller les voir et prétendre qu’on a réussi. Surtout qu’on n’a pas forcément réussi un « truc de ouf » ! En tout cas pour ma part, parce que je n’ai que 24 ans… Mais les plus anciens, eux, peuvent apporter leur expérience, je pense notamment à Oualid, qui a connu plusieurs montées. Pour mon cas personnel, c’est plus compliqué, je viens de découvrir la Ligue 1, à la limite, je l’ai connue avec eux ! Je reste à ma place. Si bien sûr, on me pose des questions, si je peux donner quelques conseils à mon échelle, je serai là pour eux. Mais ils savent déjà ce qu’ils doivent faire, et avec l’exigence qu’il y a à l’entraînement, je pense qu’ils comprennent très vite.
On dit que tu es chambreur… C’est vrai ?
J’aime beaucoup rigoler, dans n’importe quelle circonstance. Même dans les moments sérieux, j’aime détendre l’atmosphère. Attention, je suis impliqué, mais j’y vais de ma blague. Chambreur, taquin, oui… sinon, ce n’est pas drôle ! Si personne n’est chambreur dans le vestiaire, c’est un cimetière ! La bonne ambiance qu’on a, c’est grâce à ça ! Tout le monde chambre ! Parce que, si j’attaque dès que je peux, les autres aussi ! Mais je ne rigole pas sur les autres, je rigole avec les autres.
Dans la peau de quel sportif aimerais-tu passer une journée ?
Un basketteur ! Un joueur de la NBA ! Ils ont ce truc cool, ils font le show, ça me plaît… Alors, Lebron James ou Stephen Curry !
Les Etats-Unis, tu connais ?
Oui, j’y ai déjà fait un voyage. C’est une autre culture, une autre perception des choses… Quand tu arrives là-bas, il y a quelque chose de cool, tu le ressens aussitôt. Pour Los Angeles, parce que New York, c’est différent. Mais Los Angeles, ça me va.
Après footballeur, tu te vois faire quoi ? Rester dans le milieu ?
Je ne sais pas… Si je reste dans le milieu, je ne sais pas vraiment dans quoi. Mais j’aimerais plus retrouver ma famille. Parfois, on ne se voit pas pendant six mois... Même quand j’ai deux jours de repos, je ne peux pas descendre dans le Sud (NDLR : Nabil est originaire de Toulon), c’est trop loin. Donc, j’aimerais profiter avec ma famille. La vie est courte ! J’ai une grande famille, et c’est magnifique ! Je peux faire du foot à 7 avec mes frères et sœurs… (rires) Je suis le plus petit, le chouchou, clairement ! Il faut le dire ! Beaucoup travaillent dans le social, notamment à l’Ecole de la Deuxième Chance, ils aiment aider. Nous n’avons pas grandi sur des chaises en or, mais nous avons reçu une éducation, et aider fait partie de cette éducation. Pour rebondir sur une des questions précédentes, je pense que si je n’avais pas été footballeur, j’aurais pu faire ça. Leur plaisir, ce n’est même pas de recevoir leur paie, c’est de voir la reconnaissance des gens. Ils kiffent leur boulot ! C’est une fierté d’aider les gens, c’est ce côté humain que j’approuve à 100 %. Parfois, on le perd un peu dans le foot…
Propos recueillis par Olivia Detivelle
32ème journée
04/05/2025 Auxerre - HAC
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10/05/2025 HAC - Marseille
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18/05/2025 Strasbourg - HAC