Avant HAC - Montpellier : nutrisco et extinguo

Les idées reçues ont la vie dure… Ainsi, les amateurs de football ne seraient que des crétins beuglant des chants homophobes ou racistes, de pauvres hommes et femmes cherchant une relève à une vie aussi morne que la plaine de Waterloo. Comme s’ils signaient chaque semaine des procurations de 90 minutes pour garnir leur cerveau de quelque matière qu’ils préfèrent colorée plutôt que grise comme un matin d’automne.

Foutaises. Le football, et notamment supporter un club, c’est tout d’abord aimer. Ce qui n’est pas donné à tout le monde ! C’est sentir son cœur s’emballer à chaque action, c’est donner de la voix et du geste, c’est partager, c’est ressentir… C’est vivre ! Eh oui… C’est aussi jouer un rôle à part entière, mais on y reviendra, et maîtriser les codes et la culture de son club et de sa ville. Nos fans connaissent d’ailleurs tout du blason du HAC. Puisant évidemment son origine chez François 1er, fondateur du Havre, il représente une salamandre, l’emblème royal. En héraldique, il s’agit d’un symbole de courage, celui dont on s’arme pour affronter les vents contraires…

Les vents contraires, nous voilà en plein dedans ! Après six défaites consécutives, le HAC est dans la zone rouge, avant-dernier, avec six points. Six points glanés aux deuxième et troisième journées. Depuis ? La disette. Plus de but marqué depuis Monaco, il y a un peu plus de quatre matches. Des parties ratées, d’autres plus réussies mais sans récompense, comme la semaine passée à Rennes. Et cette désagréable impression de se faire avoir sur de nombreux points… Dans le bestiaire fantastique, la salamandre empoisonne l’eau par sa seule présence : l’attente d’une juste part du CVC, des décisions arbitrales étonnantes, peuvent fatalement faire naître quelques pensées troubles… Peut-être certains aimeraient se faire la peau de cet animal qui empêche de compter en rond… Bref, on s’égare…

Venons-en au match ! Après un calendrier nous mettant aux prises avec des Européens, nous voilà d’un coup face à face avec des adversaires encore plus mal en point(s) que nous : Montpellier ! Derniers, les Pailladins ont dernièrement subi la Mosson de plein fouet, battus à la maison par l’OM (0-5) et par Toulouse (0-3). De quoi faire péter le fusible à Laurent Nicollin, ce fusible se nommant Michel Der Zakarian : le coach a laissé il y a une dizaine de jours la place à Jean-Louis Gasset, lequel connaît aussi bien la maison que son prédécesseur. Et ne pourra pas s’appuyer ce dimanche sur son maître à jouer, Téji Savanier, suspendu. Toutefois, attention à une bête blessée… Pire défense (29 buts encaissés), avant-dernière attaque (8 buts inscrits), les Héraultais savent qu’il n’y a pas de temps à perdre. Emmenés par Adams et Nordin (respectivement 3 et 2 buts chacun), disposant de talents comme Ferri ou Khazri, venant de recruter le défenseur serbe Maksimovic, ils joueront gros face au HAC…

Les Havrais, eux, sont donc dans le même cas, et seront privés d’Opéri, suspendu, de Sangante, blessé, et de Casimir, blessé et suspendu. Dans ce match de terrible importance, où se fera la différence ? Dans le caractère, probablement ! Celui des joueurs, bien évidemment. Mais celui du public, aussi ! « Tout le monde veut la même chose », soulignait Didier Digard en conférence de presse. C’est-à-dire la victoire. Il faudra donc unir les forces, décupler les énergies, celle du terrain, celle des tribunes, où les supporters qui se sont pris d’amour pour le HAC depuis peu devront suivre les passionnés de longue date, ceux qui sont habitués aux mauvais moments, et donc à lutter et soutenir, ceux qui savent que, quand il y a de la dérive, il faut ramer, ne pas lâcher prise (toute ressemblance avec une chanson des années 80 n’est pas fortuite puisque celle-ci se nomme « Supporter »). Créer une atmosphère volcanique est l’une des conditions pour avancer, et l’équipe en a plus que jamais besoin. Le volcan ? L’habitat désigné de la salamandre fantastique… Il n’y a pas de hasard.

O.D.