Lorient - HAC : 3 - 3. Ils sont incroyables !

Un scénario de folie… Le terme, galvaudé, est extrêmement réducteur par rapport aux émotions que nous avons vécues cet après-midi ! Comment expliquer ce qui est du domaine de l’irrationnel ? Comment retranscrire la mécanique du cœur quand celui-ci s’emballe un peu trop fort, un peu trop vite, s’arrête de stupeur et de déception, puis repart en sprint ? Bref, comment décrire l’ineffable ? Il faut d’abord redescendre un peu, laisser le cerveau et tout le reste digérer une fin de match qu’il était compliqué d’imaginer. Analyser froidement ? Non. Impossible. Mais peut-être reprendre la chronologie des événements…

Un Moustoir bien garni. Une mobilisation des supporters locaux promise et tenue, où l’odeur des fumigènes se mêlait à celle des buvettes environnantes. Même la météo, relativement clémente, s’était invitée ! Oui, les Lorientais avaient mis les petits plats dans les grands et sorti l’argenterie pour nous recevoir… Oh, pas que nous nous prenions pour des invités prestigieux, nous ne nous y sommes pas trompés : c’est notre peau de promu, pour tenter de sauver la leur, que les Merlus voulaient s’offrir !

Mais le cuir d’une salamandre est plutôt costaud, et pour nous le tanner, il fallait se lever de bonne heure… et rester en éveil jusqu’au bout du bout. Car le HAC a encore fait preuve, en Bretagne, de qualités mentales d’un niveau exceptionnel. Trouvez-en beaucoup des équipes qui reviennent deux fois au score aux 85e et 94e minutes ! Bon, chronologie des événements, on a dit… D’entrée, les locaux tentaient de mettre la pression sur la défense havraise. Cependant, c’était Casimir qui provoquait le danger et la faute de Laporte : penalty ! Sabbi transformait la sentence (0-1, 14e). Dans la foulée, un coup franc d’Opéri rasait le cadre (19e). Mais petit à petit, les coéquipiers de l’ancien Hacman Isaak Touré se rapprochaient de la cage de Desmas, lequel intervenait brillamment devant Kroupi (20e, 29e), mais ne pouvait rien devant Louza (1-1, 33e). Si Sangante sonnait la révolte (37e), Desmas, à nouveau, intervenait devant Katseris (40e) puis Ponceau (41e), et M. Stinat sifflait la pause sur ce score de parité.

La seconde période débutait mal. Très mal : Kari donnait l’avantage aux Bretons (2-1, 51e). Le HAC tentait de réagir rapidement, et Mvogo sortait le grand jeu sur un coup franc d’Opéri (54e)… Luka Elsner incorporait du sang neuf (Targhalline et Ngoura, 57e, puis Ayew et Alioui, 70e), mais le HAC, quoique dominateur (même si un ballon de Ponceau fracassait le poteau à la 63e), peinait à mettre une forte pression sur la cage des Merlus…

Mais voilà, avec le HAC, il faut s’attendre à tout… Un long coup franc d’Alioui, une tête d’Ayew… et les deux entrants de la 70e offraient à Luka Elsner un coaching gagnant, à l’équipe une égalisation à la 85e, et à tout un parcage visiteurs bien garni un moment de pur bonheur. Le tout servi sur un plateau, emballé, empaqueté, pesé. Terminé.

Enfin, c’est ce qu’on pensait ! Parce qu’à l’aube des arrêts de jeu, Bamba redonnait l’avantage aux siens (3-2, 90e + 1). De quoi retomber sur son fondement, les yeux dans le vague. De la colère, de l’amertume, des regrets… Que la joie de nos hôtes du jour ne faisait que décupler… C’est toujours comme ça : se prendre le bonheur des autres en pleine face, le contempler de ses propres yeux, ça vous remue au fin fond de vous-même, comme si on vous émiettait le cœur tout doucement, avec de minutieux ongles acérés… Et ça vous renvoie à vos propres regrets et vos propres erreurs.

Mais il suffisait de voir André Ayew s’emparer du ballon d’un geste rageur après ce but pour savoir, pour être persuadé, au plus profond de son être, que non, rien n’était fini. Que tout était encore possible. Même au bout du bout. Le Ghanéen, de retour de la CAN deux jours auparavant, allait le démontrer, et agir dans le HAC Time. « Toujours avancer, ne jamais rien lâcher », ses mots lors de sa présentation au Stade Océane. Aujourd’hui, après celui de la 85e, ce fut l’acte de la 94e. Et quel acte ! Un retourné magistral trompant Mvogo ! Un geste extraordinaire expédiant les Hacmen de l’enfer au paradis, faisant remonter d’un coup tous les taux hormonaux des supporters havrais (allez faire une prise de sang demain, vous verrez !), remettant les gueules à l’endroit, dans le sens des sourires, cette fois définitifs, puisque l’arbitre sifflait la fin de la partie sous les « Ayew ! Ayew ! » du parcage. Comment voulez-vous qu’après ça on n’aime pas cette équipe ? Capable de tout, pas toujours du meilleur, mais talentueuse, fière, et surtout emplie d’une volonté hors norme.

Une fois redescendus de notre nuage, le constat est donc positif : qu’on le regarde en abscisse ou en ordonné, un point reste un point… et c’est toujours ça de pris. Surtout contre un adversaire direct. Le scénario ne le rend que plus précieux et offre toujours plus d’espoirs pour l’avenir. Lequel passera dimanche par Monaco.

O.D.

FC Lorient – HAC : 3-3 (1-1)
19e journée de Ligue 1 Uber Eats
Dimanche 28 janvier 2024
Stade du Moustoir

Arbitre : M. Stinat

Buts : pour Lorient : Louza (33e), Kari (51e), Bamba (91e); pour le HAC : Sabbi (14e, sp), Ayew (85e, 94e)
Avertissements : à Lorient : Katseris (16e), T. Le Bris (36e), Ponceau (41e), Louza (45e) ; au HAC : Youte (25e), Sabbi (43e), Kechta (48e), Opéri (73e)

LORIENT : Mvogo – Talbi, Laporte, Touré – Katseris (Adjei, 79e), Abergel (cap), Louza, T. Le Bris – Kari, Kroupi (Bamba, 69e), Ponceau.
Non entrés : Youfeigane, Mouyokolo, Pelon, Openda Owaga, Innocent, Makengo, Caoki
Ent. : Régis Le Bris

HAC : Desmas – Nego (Ngoura, 57e), Sangante (cap), Youte, Lloris, Opéri – Kuziaev (Ayew, 70e), Kechta (Ndiaye, 85e) – Sabbi (Targhalline, 57e), Casimir (Alioui, 70e), Joujou.
Non entrés : Gorgelin, El Hajjam, Confais, Grandsir
Ent. : Luka Elsner