30 août 2025

Mory Diaw : "Je prends le positif de chacun"

A la découverte de Mory Diaw ! De sa formation au PSG à ses passages à l’étranger, le nouveau portier havrais, né il y a 32 ans dans une famille de sportifs, nous raconte sa carrière…
Mory Diaw : "Je prends le positif de chacun"
Mory, quand débutes-tu le foot ?
Je commence très jeune, avant l’âge des débutants! A 4 ans, je crois. J’étais tous les jours au stade, au quartier, je devais marcher 7 ou 8 minutes, on sautait un mur, et on était au stade. J’étais toujours avec Alexandre, un très bon ami à moi, qui va justement venir au match dimanche. Le club de l’AS Poissy nous a fait commencer avant… Et en tant qu’attaquant ! En benjamins, nous étions à un tournoi et notre gardien nous a « plantés ». J’ai fini meilleur gardien du tournoi et depuis, je n’ai plus bougé ! J’étais déjà grand… Un peu moins que maintenant (rires) mais déjà pas mal !

Donc, tes éducateurs ont vu des dispositions en toi au poste de gardien !
C’est peut-être moi qui ai vu qu’on courait moins ! (rires)

Ta famille était branchée football ?
Pas du tout ! Mon père était professionnel au rugby. Mon frère était foot mais préférait le regarder à la télé ! J’ai une sœur handballeuse, une autre qui a fait du basket, une autre encore internationale sénégalaise de rugby. Une famille de sportifs ! Toute ma famille m’a toujours suivi, aujourd’hui encore elle est derrière moi, regarde tous les matches, et s’est même abonnée à Ligue 1+.

A l’école, tu étais comment ?
(Silence) Bon… J’avais des qualités, mais je n’étais pas un bon élève. Je ne voulais pas travailler, mais je n’empêchais pas les autres de travailler. Quand je décidais de travailler, je pouvais le faire très bien et les profs m’encourageaient.

Tu as toujours eu envie d’être footballeur ?
Depuis petit, je n’avais que ça en tête. Il y a eu des années où j’ai un peu galéré, je n’avais pas de club, mais j’avais en tête que la roue allait tourner, que ça allait changer.

Petit, tu avais des idoles ?
Pas trop. Après, je regardais certains gardiens plus que d’autres, comme Mandanda (NDLR : formé au HAC !). Il a commencé jeune, et commencé fort ! Maintenant, je regarde tous les gardiens, je prends le positif de chacun.

Après Poissy, tu pars pour Versailles.
Oui, à l’âge de 15 ans. Je n’avais jamais joué en équipe première de ma catégorie, alors que je méritais. Versailles vient me chercher, et j’y pars avec mon ami Alexandre et un autre ami, Sofiane, avec qui je suis aussi toujours en contact. A Versailles, je fais l’une des meilleures saisons de ma jeunesse, et on a kiffé ! On avait fini deuxièmes, on était en demi-finale de Coupe de Paris… Un jour, je rentre, j’étais à l’arrêt de bus et j’écoute mon répondeur, alors que je ne l’écoute jamais d’habitude. C’était Pierre Reynaud, le recruteur du Paris Saint-Germain qui me demandait de venir faire un essai le lendemain. J’ai fait un essai de deux jours et ils m’ont dit qu’ils voulaient me faire signer au centre de formation.

As-tu pris conscience à ce moment-là que footballeur était un métier ?
A ce moment-là, c’était un loisir. Le jour où j’ai vraiment pris conscience que c’était un métier, c’est quand Laurent Blanc m’a dit que je ferais toute la saison avec eux, qu’il avait besoin de plus de gardiens. A partir de là, je vois la manière de travailler des pros qui sont là et je me dis que c’est un métier, pas de la chance. Les jeunes, nous avions fait la prépa, parce que certains pros n’arrivaient qu’après. Et à la fin d’un entraînement, Laurent Blanc me dit ça ! Je suis au centre, je m’entraîne alors avec la CFA. Ça fait plaisir et c’est exceptionnel ! C’est une expérience de fou… Tu fréquentes tous les jours Zlatan, Cavani, Thiago Silva ! Ça t’apporte ! J’étais jeune, je ne me rendais pas forcément compte, mais aujourd’hui, je fais des choses que j’ai prises d’eux. Ce sont des joueurs qui viennent en salle une heure avant la séance, repartent une heure après tout le monde, font les soins, font tout… Ce sont toutes ces choses-là que j’ai prises d’eux et qui sont importantes au quotidien. Côté gardiens, il y avait Sirigu, Mike Maignan, Nicolas Douchez, et moi.

Justement, quel est le joueur de cette période-là t’ayant le plus impressionné ?
Il y en a plein… Mais Ménez est l’un de ceux m’ayant le plus impressionné. Facile techniquement… Verratti aussi était facile dans tous les jeux. Après, Zlatan, Cavani, devant les buts, c’étaient des tueurs. Il fallait être plus concentré à l’entraînement que quand j’allais jouer en match avec la réserve, parce qu’ils ne loupaient rien !

As-tu côtoyé aussi Mathieu Bodmer ?
Une fois lors de ma première séance avec les pros, mais j’étais plus jeune. Le coach avait besoin d’un gardien, j’y suis allé et j’ai vu Mathieu, mais alors, je n’ai pas fait toute la saison avec eux.

Et donc, avec Nicolas Douchez, entraîneur des gardiens du HAC depuis trois ans que tu as eu comme coéquipier au PSG, tu as gardé une relation particulière !
Oui, tout le long de ma carrière, même quand j’étais dans le dur, on a toujours eu cette relation. Je l’ai toujours considéré comme un grand frère. Même encore aujourd’hui, il le sait très bien, j’ai un énorme respect pour lui et tout ce qu’il m’a apporté quand j’étais à Paris. Je le remercie parce que, avec Mathieu, il m’a fait confiance en me faisant venir ici, c’est à moi de leur rendre sur le terrain.

Tu pars du PSG en 2015. C’est le club qui ne te garde pas ou toi, tu veux aller chercher du temps de jeu ailleurs ?
J’étais en fin de contrat, et quelques petites histoires ont fait que j’ai dû partir et prendre mes premières minutes en professionnel à l’étranger, au Portugal.

Tu as fait un petit tour d’Europe !
Oui, j’ai beaucoup vagabondé ! Je voulais jouer, donc j’allais partout où on voulait de moi ! Après avoir fait deux saisons avec le groupe pro à Paris, tu te sens prêt à jouer. Après le Portugal, je suis allé en Bulgarie, et après en Suisse, où j’ai enchaîné les saisons avant de venir à Clermont en Ligue 1.

Tous ces voyages t’ont enrichi humainement !
C’est sûr ! On apprend des manières de voir différentes. Le Portugal voit le football d’une certaine manière, la Bulgarie autrement, la Suisse aussi. On prend le positif de tout et ça fait l’homme que je suis aujourd’hui !

Tu étais seul ou avais-tu déjà une famille ?
Non, mon fils et ma fille sont nés en Suisse.

En 2022, te voilà à Clermont… où tu croises Arthur Desmas qui part à ce moment-là pour le HAC !
On s’est croisé un jour. Le jour où on reprend, il signe ici !

Tu joues donc 67 matches en Ligue 1. Quels souvenirs gardes-tu de Clermont, de cette période-là ?
Je vais retenir le positif. Certes, ça s’est mal fini, mais quand on pense à la première saison, où on finit huitièmes… Je vais retenir la chaleur des supporters, tous mes coéquipiers, les coaches que j’ai eus… Je garde une bonne image de Clermont.

Pourquoi choisis-tu le HAC ?
D’abord, Nico et Mathieu m’ont appelé ! Ça veut dire qu’ils avaient confiance. Et le projet du club me correspond, un club familial, avec des personnes que je connaissais déjà. Ça a facilité les échanges. Ça aurait pu se faire plus tôt, mais ça n’a pas été possible, alors j’étais parti à Rodez l’hiver dernier. Et finalement, tout ce que Dieu a écrit va se faire, donc c’était écrit que je devais jouer ici.

Et tu retrouves Lionel Mpasi, avec qui tu as passé quelques mois à Rodez la saison passée !
Lionel, un ami de longue date ! On arrive la même année au centre de formation du PSG, il est parti avant moi, pour Toulouse, mais c’est quelqu’un avec qui j’ai toujours gardé contact, je regardais ce qu’il faisait, il regardait ce que je faisais.

L’image du club que tu avais se vérifie depuis près de deux mois que tu es arrivé ?
Entre temps, j’en avais parlé avec Pape Gueye, Edouard Mendy, des anciens d’ici, qui ne m’en ont dit que du bien, alors je n’ai pas hésité ! J’avais d’autres opportunités en France ou ailleurs, mais à partir du moment où j’avais donné mon accord à Nico et Mathieu… Je suis un homme de parole ! Ils ont fait des efforts pour me faire venir, ce n’était pas forcément facile, et ça s’est fait, donc je suis content !

Tu connaissais déjà le Stade Océane ! Tu avais joué contre nous en septembre 2023 (victoire havraise 2 à 1), et dimanche, face à Lens, tu l’as découvert en tant que Hacman. Quelles ont été tes impressions ?
Ça fait plaisir ! Il y a une très bonne ambiance. Dommage que le résultat n’ait pas été là. On a senti les supporters nous pousser tout le match, on a tout donné, et j’espère que ce week-end, contre Nice, à la fin on aura tous des sourires. On méritait mieux, je pense. Les petites erreurs qu’on a faites lors de ce match-là, on va les enlever pour être plus performants les matches prochains et lancer notre saison en engrangeant des points.

Tu as 32 ans, tu es l’un des plus vieux du vestiaire !
Quand je suis dans le vestiaire, il y a un respect mutuel. Qu’il y ait un plus jeune ou pas, je le respecte, il me respecte, on est là pour la même chose : le bien du club. L’âge est une chose, l’expérience est une chose, et au final, on est tous dans le même bateau, on va tous dans la même direction. Ça nous permet de bosser bien et de faire fermer les bouches ! C’est ce qui est excitant tout au long de la saison, parce que tout le monde te voit déjà mort et tu leur montres qu’ils parlent pour rien ! C’est comme ça qu’on gagne le respect des gens.

As-tu eu le temps de découvrir un peu Le Havre ?
Je connaissais déjà Le Havre parce que j’ai beaucoup de famille ici ! C’est là où je venais en vacances quand j’étais plus jeune. Je suis même déjà venu avec mon fils il y a deux ans. Là, ma famille est en vacances mais arrive fin de semaine et on ira découvrir ensemble de plus près tout ça.

Quand tu n’es pas au stade, que fais-tu ?
Je profite avec mes enfants, ils ont 4 et 3 ans. C’est exceptionnel d’avoir des enfants ! Je kiffe ma vie avec mes enfants. Je suis très famille, il y a souvent ma mère, des membres de ma famille qui viennent. Sinon, je regarde du basket, j’aime bien aussi le hand, et j’ai connu le padel quand j’étais en Suisse et j’aime bien y jouer.

Avec quelle personne, que tu ne connais pas, aimerais-tu avoir une discussion ?
Eric Thomas ! C’est quelqu’un qui motive les gens en Amérique, aux States, et il a une manière de voir les choses claire, nette. C’est un discours inspirant qu’il a, je regarde ses vidéos, et c’est quelqu’un qui en a dans la tête, donc je pense que je sortirais grandi d’un dîner avec lui !

La préparation mentale du gardien de but doit être intense, parce que c’est un poste particulier !
Oui, c’est un poste particulier. Avec les années, on se connaît mieux, on sait de quoi on a besoin. J’ai mes petites habitudes pour arriver au match et être prêt mentalement et physiquement. Sans superstition.

C’est un objectif d’aller loin avec le Sénégal lors de la prochaine CAN en décembre-janvier ?
C’est sûr ! En Côte-d’Ivoire, on était tous frustrés parce qu’on sait qu’on méritait mieux. On a tous cette petite revanche à prendre ! Le Sénégal avait gagné au Cameroun (NDLR : janvier 2022, victoire sénégalaise en finale face à l’Egypte), je n’y étais pas, j’étais en tant que supporter devant ma télé et j’étais super content. Lors de ma première CAN, en Côte-d’Ivoire (NDLR : janvier-février 2024), on est sortis en huitièmes de finale mais on sait qu’on ne méritait pas de sortir et qu’on avait le potentiel pour gagner. Maintenant, c’est au Maroc, pour aller le plus loin possible et rendre fier notre incroyable peuple sénégalais.

Il y a pas mal de Sénégalais dans le vestiaire ! Arouna, Rassoul, Issa, toi… Vous vous challengez un peu pour aller tous en sélection ?
Il y en a pas mal et il y en a eu pas mal aussi ! C’est un objectif. Chaque footballeur aimerait représenter son pays. Dans dix jours, on joue au Congo chez Lionel, un match ultra important (NDLR : RDC – Sénégal, en qualification pour la Coupe du Monde 2026), on en a parlé dès que le calendrier est sorti !

Ça va chambrer dans le vestiaire !
J’espère que c’est moi qui vais le chambrer à la fin quand on aura gagné ! (rires)

Propos recueillis par Olivia Detivelle

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