4 septembre 2025

Simon Lucq : "Se mettre au service du projet d’un club et d’un coach"

Arrivé cette saison, Simon Lucq, préparateur athlétique, se présente…
Simon Lucq : "Se mettre au service du projet d’un club et d’un coach"
Simon, tu es arrivé au HAC cet été en tant que préparateur athlétique. Quel est ton parcours ?
Après un bac S, j’ai fait une licence d’entraînement sportif, en STAPS. Ensuite, j'ai passé un Master Entraînement et Handisport, et, pendant mon master, j'ai passé un DU Préparation physique option sport collectif football, un diplôme européen de préparation physique. La base du diplôme était à Lyon et, plus tard, en 2016, j'ai passé mon CEPA, Certificat d'Entraîneur Préparateur Athlétique option football, avec la Fédé.

C’est ce qui t’a amené à intégrer l’Amiens SC ?
Non, je suis entré au club d’Amiens dans le cadre d'un stage pour ma licence. J'intervenais au niveau de la préformation. Ensuite, j'ai un peu grimpé les échelons au club en même temps que mes études. J'étais éducateur à l'école de foot et à la préformation, et à côté de ça, préparateur athlétique sur la formation, ensuite responsable de la préparation athlétique de la formation, puis je suis monté avec les pros et j'ai fait onze ans avec eux. Je suis arrivé en National, on y a fait trois ans, après on a eu le bonheur de vivre National, Ligue 2, Ligue 1, et, après trois ans de Ligue 1, on est redescendus en Ligue 2. Ensuite, j'ai rejoint le coach Olivier Echouafni à QRM, et j’y ai fait un an et demi.

La saison dernière, tu étais l’entraîneur de l’US Camon, en R1 ?
C'est un club où j'ai un passé de joueur, jusqu’en DH à l’époque, et j’avais joué avec l’entraîneur de l’équipe. Comme je n’avais pas retrouvé de projet professionnel, il m'a demandé si je pouvais venir l’épauler sur le club en compagnie d'autres personnes, parce qu'on avait un staff assez fourni. Ça a bien marché, ça m'a plu, ça m'a permis de garder un contact avec le terrain. Au cours de cette saison, il a subi une longue suspension et il manquait de gens pour couvrir le club aussi en termes de diplôme, donc j'ai été amené à coacher un petit peu mais à la base j'y allais pour épauler un ami et retrouver un club où j'avais joué quelques années auparavant. C'est vrai qu'à la fin, j'ai été un peu plus acteur, entre guillemets, dans le coaching de l'équipe, mais ce n’était pas le projet initial.

Et vous vous êtes maintenus !
On s'est maintenus à la dernière journée ! Ce ne sont pas les maintiens les plus faciles mentalement mais ce sont les maintiens les plus appréciables, je pense, parce que tant que c'est dans la douleur et qu'il y a de la résilience, c'est toujours beaucoup de plaisir à la fin. Ce n'est pas au peuple havrais que je vais apprendre ça !

Et tu faisais partie de l’équipe de l’US Camon qui avait joué contre le HAC en Coupe de France en novembre 2007 !
C’était un match assez dingue ! On perdait 3 à 0 à la mi-temps. Et on revient à 3 2. On prend un 4 à 2 mais le ballon est crevé, et je crois qu'on tape le poteau à 3-2, on est à deux doigts de revenir à 3-3. Et puis au final ça se termine quand même à 4-2, on prend un but dans les arrêts de jeu il me semble (NDLR : en fait à la 80e). J'étais milieu de terrain et, dans les buts du HAC, c'était Olivier Blondel, qui était numéro 2 derrière Christophe Revault. J'ai travaillé avec lui après à Amiens, il était entraîneur des gardiens, et il se rappelait le match, un peu le scénario. Je pense que je peux citer en grande partie l'équipe du Havre. Il y avait dans les buts du coup Olive [Blondel] après il y avait Gillet, Hénin, Maxime Baca, au milieu Aït Ben Idir et Bouadla, à droite Benjamin Laurant, à gauche Hassane Alla, et devant Alassane et Hoarau (NDLR : bonne mémoire, ne manque qu’Abasse Ba !). C’est l'année où le club remonte en Ligue 1.

Le foot a toujours été ta passion ?
Oui, depuis très jeune. Alors, c'est un peu paradoxal parce que je suis plus d’une famille du monde de rugby mais j'ai été tout de suite pris dans l'engouement du foot et assez rapidement, assez jeune aussi, dans des projections d'éducateur et la volonté d'en faire mon métier. J'ai démarré éducateur dans un club d'Amiens, je crois que j'avais 15 ou 16 ans, je m'occupais des gamins, de l'école de foot, etc. Donc oui, une grosse passion, je prends toujours du plaisir à regarder des matchs et les matchs de tout niveau, la preuve avec mon aventure de l'an dernier sur un championnat de R1. J'ai pris du plaisir même si on était sur des strates différentes de ce que j'avais pu vivre avec la Ligue 1 à Amiens par exemple mais oui, un vrai passionné.

C'est un plaisir de retrouver la Ligue 1, je suppose !
Oui, c'est un plaisir de retrouver la Ligue 1. C'est aussi un plaisir de retrouver la Ligue 1 avec ce club. Parce que c'est un club où je sentais une grande ferveur quand je suis venu jouer avec les clubs adverses. C'est un très beau souvenir du stade aussi puisque, avec Amiens, on avait eu un souci lors de notre première année en Ligue 1 avec une barrière qui s'était effondrée, et on était venus jouer au Havre contre Bordeaux. On était un petit peu en difficulté à ce moment-là et on avait réussi à gagner 1-0 ici. Ça nous avait lancés dans une dynamique un petit peu meilleure. Dans notre objectif maintien, c'était tout de même un très bon résultat. Donc, c'est un stade qui me marquait par sa ferveur et puis c'est une ville aussi avec une histoire. Je suis très content d'être là. C'est vrai que j'ai quitté malheureusement la Ligue 1 dans des circonstances un petit peu particulières. Ce n’est pas qu'il y a un sentiment de revanche mais il y a un plaisir de la retrouver et une forte volonté d'y rester. En ayant la possibilité de se battre jusqu'à plus la 38e maintenant mais la 34e journée, ne pas arrêter avant la fin ! (NDLR : Amiens est descendu au printemps 2020, le championnat ayant été arrêté, pour cause de Covid, dix journées avant son terme et le classement entériné.)

Comment peux-tu transposer ce que tu as appris du foot amateur, avec entre autres ton expérience de l'année dernière, au foot professionnel ? Te sers-tu de cela ?
Non, il n’y a pas forcément de transposition. C'est juste que, même sur ces niveaux-là, quand vous êtes un petit peu dans un rôle différent, parce que là pour le coup c'était vraiment sur du coaching, vous appréhendez aussi des problématiques un peu plus fortes dans le management des hommes et d'un staff. Je pense que ça m'a servi pour appréhender un climat général autour du football. C'est là qu'on se rend compte que l'entraîneur a de la prise de décision à faire, a un énorme management humain, a en même temps des problématiques de jeu. Et la nécessité d'avoir un impact sur tous les facteurs de la perf’ du football, que ce soient les aspects athlétiques, les aspects tactiques, les aspects techniques, les aspects mentaux. Et c'est une charge très importante ! Le fait d'avoir vécu cette expérience-là me fait appréhender peut-être les choses différemment… Je l'étais déjà avant mais ça appuie encore plus sur le fait de se mettre au service d'un projet club mais aussi le projet d'un coach. Et essayer d'être efficient notamment dans les feedbacks qu'on va avoir à lui faire parce qu’il a beaucoup de choses à gérer et il ne faut pas le polluer avec une tonne d'infos. Il faut arriver à être pragmatique sur ce qu’il recherche, ce qu'il attend, et les indicateurs qui sont importants pour lui de connaître sur les joueurs.

Est-ce qu'il y a une méthode Simon Lucq ?
Non. Il n’y a pas de méthode Simon Lucq parce que j'ai toujours pris goût à articuler mes projets de préparation athlétique en respectant le modèle d'entraînement de l'entraîneur, le modèle de jeu de l'entraîneur. Mon objectif est d’amener les joueurs à un potentiel, un pourcentage maximal de leur potentiel athlétique, et qu'ils aient entre guillemets dans leurs bagages un maximum d'outils pour pouvoir répondre aux problématiques de jeu et aux problématiques du modèle de jeu de l'entraîneur, en tout cas aux contraintes athlétiques que pourrait créer le modèle de jeu de l’entraîneur. Ça demande de bien structurer les choses. C'est comme quand on construit une maison, c'est mieux de mettre des fondations avant de s'occuper des fenêtres ! Et voilà, je dirais que dans mon mode de fonctionnement, c'est un petit peu ça, et c'est pour ça que le cycle de prépa d'avant-saison est important avec certains volumes de charge d'entraînement où les joueurs de temps en temps ne passent pas que des moments très agréables. Mais c'est ce qui va nous permettre aussi de durer à l'échelle d'une saison. On a tout mis en œuvre avec le staff pour s'appréhender, se connaître, se comprendre aussi en tant que techniciens et arriver à un modèle où tout le monde retrouve sa place dans ses missions de perfectionnement. On essaie de répondre à avoir les impacts athlétiques qu’on souhaite avoir sur les joueurs dans notre semaine d'entraînement, tout en respectant l'importance d'avoir des temps pour le staff technique pour appréhender la priorité qui est le football. On essaie de surtout déjà bien analyser ce qui est mis en place par le coach, le staff technique et puis nous, par rapport à ce qu'on a envie de mettre en place sur l’aspect athlétique, venir piquer un peu les joueurs sur des temps sur les séances, et avec des séances aussi parfois complètement dissociées de l'activité football. Mais pour faire ça, il faut d'abord déjà bien appréhender ce que les garçons ont vécu dans la partie technique et tactique avec le staff, et ça, c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. Je pense que mon œil d'entraîneur, d'éducateur, m'aide pour pouvoir appréhender ça, alors même si on est aidé aussi maintenant par beaucoup de technologie avec les GPS, avec les questionnaires d'avant-séance, d'après séance que les garçons remplissent. Appréhender aussi les choses avec un regard foot m'apparaît précieux.

Tu leur fixes des objectifs à la semaine, au mois ?
C'est plutôt sur nos cycles d'entraînements. On ne s'entraîne pas pareil à J-1 qu’on s’entraîne à J-5 et à J-4. On a des journées avec des cibles sur des marqueurs, ça peut être des données GPS, ça peut être des marqueurs perceptifs sur le joueur, sur des impacts musculaires ou des impacts cardio. On recherche qu’il y ait un stress par rapport au match, donc on cherche sur des journées à faire plus que le match par exemple sur des marqueurs GPS ou sur des marqueurs perceptifs pour le joueur, avec des journées qui peuvent être plus orientées, que ce soit sur le terrain ou en dehors, avec nous en salle par exemple, pour travailler la force, et puis d'autres journées qui vont être plus sur l'endurance ou la vitesse, pour, en gros, balayer tous les spectres de la préparation athlétique, donc la force, la vitesse, l'endurance. On prend du temps aussi pour travailler sur la souplesse des joueurs, la coordination, la mobilité, la proprioception, pour éviter les blessures et encore une fois les amener au pourcentage max de leur potentiel. Et puis on travaille aussi beaucoup avec la data GPS sur le match par exemple, ce qui nous permet d'orienter notre manière de travailler mais aussi très individuellement, puisqu’il suffit de prendre ce qu'on est en train de vivre en ce moment : les garçons n’arrivent pas toujours au même moment pendant le cycle de préparation estivale, ils ne sont pas tous à la même étape dans leur préparation, et on a besoin de s'occuper individuellement de chaque joueur.

Comment collabores-tu avec Aurélien Quesnel ?
Il faut vraiment parler d’un binôme de préparateurs athlétiques, avec des missions communes mais aussi distinctes. On ne veut pas non plus créer de lassitude d’intervenants chez les joueurs. Il peut y avoir des approches collectives terrain, des approches individuelles hors du terrain mises en place pour les joueurs, mais Aurélien peut s’occuper du collectif de temps en temps et moi plus de l’individuel, et inversement. Ce qui permet d’avoir aussi de temps en temps des approches un peu différentes et des contenus des plus diversifiés pour les joueurs. J’avais connu Aurélien lors de mon passage à Amiens, il a beaucoup de compétences et d’énergie. Il caractérise aussi la continuité du projet de préparation athlétique, parce qu’il est déjà présent depuis quelques années dans la structure. Cela a été très précieux pour moi dès le départ pour connaître la stratégie qui avait été mise en place et pour avoir les connaissances les plus fines possible sur le profil des joueurs, les choses auxquelles il fallait faire attention. C’est quelqu’un de très important dans le projet de préparation athlétique.

Tu t'inspires de ce qui peut se faire dans d'autres sports ?
Je suis avisé sur tout ce qu’il peut y avoir en termes de recherche autour de l'entraînement, donc il y a des choses qui peuvent nous venir d'autres disciplines. Le rugby a été très dynamique à un moment donné pour montrer par exemple que le fait de faire sprinter des joueurs à très haute intensité, très proche de leur V Max, pouvait leur permettre notamment de protéger leurs groupes musculaires comme par exemple les ischio-jambiers donc on est avisé là-dessus. Ce sont des choses qu’on a prises et qu'on met en place, mais sinon, plutôt inspiré de ce qui peut se faire dans le foot.

Comment arrives-tu au HAC ? Tu as connu Mathieu Bodmer à Amiens !
J’ai connu Mathieu en tant que joueur. Je pense qu'il n'avait pas gardé un trop mauvais souvenir de mon travail. Je connaissais aussi des gens qui étaient en place ici, comme Thomas Joubert, Flo Thélamon. J'ai appris qu’ils étaient partants et je me suis manifesté pour dire que ça m'intéressait. Souvent, c'est une histoire de timing ! J'ai été reçu, j’ai exposé ma vision des choses surtout aux personnes qui ne me connaissaient pas. Et puis voilà, ça s'est fait assez naturellement, et l'avantage, c'est que ça s'est fait assez rapidement aussi. Ça a permis ensuite de pouvoir, en amont de la préparation estivale, déjà collaborer avec les autres personnes du staff et commencer aussi à se connaître. On a la chance d'avoir un climat accueillant dans ce staff. Malgré tout, pour moi, ça reste quand même ma deuxième expérience seulement en dehors de chez moi ! J’ai fait un très long moment à Amiens, j'étais plutôt de l'autre côté de la barrière parce que c'est moi qui accueillais les gens. J'ai quand même travaillé avec 5 ou 6 coachs différents, et donc 5 et 6 staffs différents. Le cadre d'accueil, le climat d'accueil a été très bon donc c'est aussi plus facile pour s'intégrer et pour rentrer vite dans les process.

Tu as eu le temps de découvrir la ville un peu, de te faire à la vie havraise lors du peu de temps que tu as en dehors d'ici ?
J'avoue que très peu… Je me suis un petit peu baladé, surtout sur le bord de mer, du côté de Sainte-Adresse. C'est vrai que c'est très dépaysant d'avoir la mer. Pour l'instant il fait très beau. On dit qu'il pleut beaucoup au Havre, pour l’instant, je ne peux pas confirmer !

Qu'est-ce qui t'intéresse en dehors du football du sport? Tu t'entretiens en tant que prépa physique ?
J'avoue que ça fait un petit moment que je n’ai pas trop couru… Il y avait quand même une grosse charge de travail notamment sur le cycle de prépa donc j'ai pris un peu moins de temps pour moi, pour m'entretenir, mais je suis quelqu'un oui, qui aime bien courir. Je me suis mis un petit peu au padel, un petit peu comme tout le monde je pense, c'est assez fréquent. Mais voilà, les hobbies baignent quand même beaucoup, beaucoup autour du football. Après, je vais chercher de la ressource aussi auprès de mes enfants.

Propos recueillis par Olivia Detivelle
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