Alain Cavéglia met un terme à sa carrière. Interview…

Alain, vous allez disputer contre Laval votre dernier match au stade Jules Deschaseaux, dans quel état d’esprit vous sentez-vous ?
Alain Cavéglia : « Pour l’instant tout va bien. C’est vrai que cela va être mon dernier match à domicile et c’est évident que ça va trotter dans ma tête à un moment ou un autre, quelques minutes avant la rencontre, à l’échauffement ou bien dans les vestiaires. J’essaie de ne pas trop gamberger. La vérité, c’est sur le terrain qu’il faut la donner. Tout donner pour l’équipe, tout donner pour le club, voilà pour moi l’essentiel. »

Vous avez décidé de mettre un terme à votre carrière à la fin de cette saison. A quel moment avez vous fait ce choix ?
A-C : « Je l’ai fait à l’intersaison au mois de juin dernier. J’en ai longuement parlé autour de moi, surtout avec mon épouse. Cela fait 16 ans que je suis dans le milieu du football et elle a toujours été derrière moi. C’est une décision mûrement réfléchie qui n’a pas été prise du jour au lendemain. En plus je suis en fin de contrat. Quand j’ai signé au Havre, l’objectif a été de faire remonter le club en D1 avec un contrat de deux ans. On s’était mis ce « deal » avec le Président Louvel.Je ne sais pas de quoi sera fait demain mais c’est sûr qu’actuellement, on est bien placé. »

Malgré tout, la décision a t-elle été difficile à prendre ?
A-C : « Bien-sûr que cela a été difficile. C’est vrai que pour moi la vie va changer. J’ai 34 ans et je peux vous dire que depuis l’âge de 10 ans je pense au football et à 19 ans je débutais ma carrière professionnelle à Gueugnon mais je ne veux pas faire la saison de trop. Je désire partir sur une bonne note. C’est le bon moment. Dans ma carrière, j’ai eu la chance de pas connaître de grosses blessures. J’ai fait toutes les saisons entre 35 et 45 matches jusqu’à 50 avec Lyon en Coupe d’Europe. Cela use beaucoup mentalement. J’ai une famille. Il faut penser à tout ça. »

Avez-vous pensé à ce que sera l’après foot pour Alain Cavéglia. Dans le domaine du foot ou quelque chose de totalement différent ?
A-C : « Bien-sûr que j’y aie déjà pensé. Il sera dans le milieu du foot Pour l’instant, il y a beaucoup de négociations. Le foot, c’est ma vie. Je ne me vois pas faire autre chose. »

Vous avez connu deux époques au HAC. L’une en D1 dont l’objectif était de se maintenir, l’autre en D2 ou là, il fallait remonter le plus vite possible, quelle a été la période la plus enrichissante à vos yeux ?
A-C : « D’abord par rapport à votre question, je tiens à dire que lors de cette première période, l’objectif n’était pas uniquement de se maintenir mais plutôt de jouer les « troubles fêtes ». Lors de ma première saison, sous les ordres de Guy David, on a été une grande partie de la saison entre la 5ème et la 8ème place, _ finaliste de la Coupe de la Ligue, en huitième de finale de la Coupe de France, battu les deux fois par le PSG vainqueur des deux coupes. Il est vrai que l’on a craqué physiquement en toute fin de saison. On doit terminer à la 10ème place du championnat. On avait vraiment une belle équipe avec Revault, Dhorasso, Brando, Ba, Bertin Daury, Delaunay, des joueurs qui ont ensuite évolué pour la plupart dans de très grands clubs et certains qui ont même été internationaux. Il y avait vraiment de la qualité dans cet effectif. »

Qu’aimeriez-vous que le public havrais retienne de vous ?
A-C : « C’est difficile à dire. Il faudrait plutôt poser la question à ceux qui m’entourent, mes partenaires et particulièrement le public. Il est certain que j’ai toujours été moi-même et qu’à partir de là, je n’ai jamais triché. »

Quel a été l’élément déterminant dans votre retour au HAC ?
A-C : « D’abord le discours du Président Louvel. Cela a beaucoup…beaucoup joué dans mon choix, bien accompagné par Bruno Barronchelli que j’avais connu lors de mon 1er passage et avec qui j’avais gardé de bons contacts. Le discours du Président avec l’objectif de remonter dans les 2 ans en 1ère division m’a beaucoup plu car dans ma carrière j’ai toujours aimé les challenges. Celui-ci en était un très beau pour moi et pour le club car le Havre doit avoir une équipe en D1. »

En dehors du football et du club, qu’est-ce qui vous plait dans la région ?
A-C : « Moi, j’aime bien tous les alentours du Havre, c’est à dire Etretat, Trouville, Honfleur. Il y a vraiment de beaux coins par ici. »

Et votre famille, apprécie t-elle de vivre au Havre ?
A-C : « Forcément, sinon je ne serais pas revenu. Je pense que pour un footballeur professionnel il est essentiel que la famille se sente bien. C’est un tout. Pour ma famille et pour moi, tout se passe le mieux possible. »

Vous êtes originaire de Lyon, allez-vous y retourner après cette saison ?
A-C : « Oui. J’ai toute ma famille là-bas, tous mes amis et ma femme est aussi originaire de Lyon. C’est ma ville, donc à partir de là, la question ne se pose pas. On y retourne. »

Lors de votre 1er passage au HAC, il y avait le trio Cavéglia – Daury – Lagrange. Vous sembliez avoir des rapports privilégiés avec ses deux joueurs sur et en dehors du terrain, y a t-il eu lors de cette 2ème période, des joueurs avec lesquels vous ayez eu ce genre d’affinité ?
A-C : « Bien-sûr. Déjà, c’est vrai qu’avec les anciens, Alex (Vencel), Laurent (Ciéchelski) entre autre, cela se passe très bien. On a vraiment un super groupe composé de jeunes et d’anciens. J’ai connu un très bon groupe à Lyon et je retrouve un peu la même chose ici. Il y a une véritable osmose entre les différentes générations. Anthony ( Le Tallec) a 17 ans, moi, j’en ai 34, et pourtant… »

Par rapport aux jeunes pousses du HAC que sont entre autres Anthony et Florent, vous jouez un peu le rôle de grand frère ?
A-C : « C’est à eux de le dire. Moi, je ne me force pas mais j’espère vraiment qu’avec ce groupe, cela va se terminer en apothéose. Ce serait merveilleux pour tout le monde. Le staff et le groupe le mérite. Depuis l’année dernière, on a beaucoup progressé. »

Sont t-ils attentifs a vos conseils ?
A-C : « Je le pense. Ces deux joueurs sont vraiment pétris de qualité. Personnellement, je n’ai jamais vu de joueurs aussi forts et aussi complets à leur âge. Ce sont de futurs grands pourvus qu’ils restent eux-même qu’ils continuent à progresser et à travailler. Ils ont vraiment une grande carrière devant eux. »

Comment voyez-vous l’évolution du HAC dans les années à venir ?
A-C : « Cela passe déjà par la montée en D1. Donc, le match de Laval est d’une extrême importance. Ensuite, je verrais bien le club du Havre à l’image d’Auxerre tout en gardant sa propre identité, un club qui doit se maintenir en D1 sur du long terme. C’est le plus important, je pense en sachant que le HAC tout comme l’AJA possède un très grand centre de formation. Jouer le milieu de tableau afin de d’évoluer sereinement. Après, il sera temps d’envisager autre chose. »

N’est-il pas envisageable de voir Alain Cavéglia rentrer un jour dans le staff technique du HAC ?
A-C : « On ne peut jamais dire jamais mais je ne crois pas. Ma famille tient beaucoup à retourner sur Lyon. Dès lors, cela me paraît difficile de revenir dans le staff technique du HAC. »

Sait-on jamais ?
A-C : « Sait-on jamais, exactement. »

Pascal Leclerc