Amir Richardson : "Le foot est avant tout un plaisir"

Amir, comment en es-tu arrivé au foot, toi qui as un père qui fut une star de basket en NBA ?
Quand j’étais petit, ma mère a décidé de m’inscrire pour faire un sport. Elle ne souhaitait pas un sport en salle, elle m’a donc inscrit avec mon cousin au club de foot de l’AS Fontonne à Antibes lorsque j’avais 4 ans. J’ai tout de suite accroché, dès lors la question du basket ne se posait plus. J’ai toujours aimé le basket mais le foot est toujours passé avant !

Et comment es-tu recruté par l’OGC Nice ?
?Jusqu’en U10, j’ai toujours joué avec des plus grands que moi à l’AS Fontonne, c’est à ce moment que l’OGC Nice m’a repéré à l’occasion d’un tournoi. Mais ma mère n’a pas voulu me laisser partir là-bas. À Antibes, j’avais mon cocon familial et j’y étais bien. J’étais encore petit et partir pour Nice n’était pas un objectif pour moi, mais finalement, un an plus tard, j’ai rejoint le club. À partir de ce moment, j’ai enchaîné les allers-retours entre Antibes et Nice en navette mise à disposition par le club. Plus tard, en U16, j’ai intégré le centre de formation de Nice.

Et qu’est-ce qui te décide à quitter l’OGC Nice pour rejoindre le HAC ?
?C’est Franck Sale, le directeur du recrutement du HAC que j’avais connu à Nice lorsqu’il était là-bas. Franck, qui était retourné au HAC un an plus tôt, m’a proposé de venir au Havre. C’était une décision importante à prendre. Mais j’ai une totale confiance en Franck Sale, je savais que s’il me proposait de venir au Havre, c’était pour mon bien et que sa proposition ne pouvait pas se refuser. Je savais aussi que le HAC n’hésite pas à donner sa chance aux jeunes alors je me suis dit qu’en allant là-bas, si j’étais bon, j’aurais sûrement ma chance à un moment. J’en ai discuté avec ma mère, elle avait aussi toute confiance en Franck et elle m’a encouragé à rejoindre le HAC.

Comment vis-tu ce « déracinement », quitter seul le Sud pour Le Havre ?
Etre seul dans une nouvelle ville avec un nouveau climat, forcément, ça change. Et comme je m’étais blessé juste avant de quitter Nice, il a en plus fallu que je retrouve mon rythme. Alors mes débuts ici ont été un peu compliqués, mais je suis revenu petit à petit.

Ton père, lui, est resté aux Etats-Unis, quelles sont tes relations avec lui ?
Mon père a construit sa vie aux Etats-Unis, c’est pour cela qu’il est resté là-bas. Il a été coach de basket d’abord au Canada avant de revenir entraîner aux USA. Ensuite, il est devenu recruteur pour la NBA, ce qui l’a amené à voyager à travers le monde.  Cela ne l’a pas empêché d’être toujours à mes côtés. Il me téléphone tout le temps, me donne ses conseils. Au travers de nos échanges par téléphone, je dirais même qu’il est encore plus à mes côtés que s’il était sur place en France.

Ton père était une star de la NBA, on imagine que ses conseils sont précieux, mais de quel ordre sont-ils ?
Très honnêtement, mon père est une pointure en basket, mais dans le domaine du foot, il s’y connait un peu moins. Ses conseils d’ancien sportif de très haut niveau sont très précieux notamment d’un point de vue mental ou physique.

Cette saison, sur le plan des sélections internationales, c’est un peu difficile de te suivre, tu as effectué un stage avec le Maroc puis des matchs avec la France quelques semaines plus tard. Pourquoi cela ?
Ma priorité est de jouer avec l’Equipe de France et en début de saison, je pensais être sélectionné avec les U20, mais ce ne fut le cas. Lorsqu’ensuite le Maroc m’a contacté, j’ai accepté, pour me faire une idée et voir si cela me plairait. Mais lorsque j’étais à l’aéroport, l’Équipe de France m’a proposé de la rejoindre pour pallier un forfait de dernière minute. A ce moment, ce fut difficile pour moi d’y répondre favorablement, d’abord parce que j’étais sur le point d’embarquer et que ma valise était déjà dans l’avion, mais aussi parce que je m’étais engagé envers le Maroc et je n’imaginais pas un instant ne pas me présenter à ce rassemblement, ne serait-ce que par respect pour les personnes m’ayant convoqué et la Fédération marocaine. Je ne le regrette pas, cela s’est bien passé. A la trêve internationale suivante, le sélectionneur de l’Équipe de France U20 m’a retenu dans son groupe et cette fois j’y suis allé. Mais c’est vrai qu’à ce jour, mon premier choix est la France.

On reparle de sport : comment se passe ton association avec Victor Lekhal en milieu de terrain ?
Cela se passe très bien, Victor est un peu comme un grand frère d’autant plus que je suis très ami avec son petit frère Lucas. Alors avec Victor, cela ne peut que bien se passer ! Nous nous entendons sur tout et il m’aide beaucoup sportivement.

Comment vis-tu cette saison qui se déroule de la plus belle des manières ? T’imaginais-tu aussi vite propulsé dans l’univers des pros et que tu y gagnerais une place de titulaire ?
Non, c’était inimaginable pour moi. Les circonstances ont fait que j’ai eu ma chance et que j’ai su la saisir. L’élément déclencheur a été le dernier match de la saison dernière face à Troyes au Stade Océane. Nous étions pas mal de jeunes sur le terrain en raison d’un grand nombre de pros ayant le Covid-19. On a tous fait une bonne performance qui nous a permis de reprendre cette saison avec l’effectif pro. C’est un vrai coup du destin.

Et comment gères-tu ce nouveau statut ??Pour moi, le foot est avant tout un plaisir et quand tu joues, tu n’as pas envie de perdre ta place. Le meilleur moyen de la conserver est de bosser dur pour continuer à progresser. Tu es bon, tu restes sur le terrain, tu n’es pas bon, il y a d’autres joueurs… C’est le football !

Propos recueillis par Emmanuel Lelaidier