Centre de formation Christophe-Revault: la performance en question(s) !

Ce mercredi 6 décembre, le centre de formation Christophe-Revault était le théâtre d’une belle rencontre ! En effet, les partenaires du Centre, dont plusieurs entreprises, étaient conviés à un échange avec quelques-uns des acteurs importants du projet HAC : Mathieu Bodmer (directeur sportif), Julien Momont (responsable analyse de jeu et datas), Laure Lepailleur (responsable de la section féminine), François Rodrigues (directeur du centre de formation), et Anthony Le Tallec (entraîneur-adjoint en N3). Les interventions se déroulaient sur deux thèmes principaux : l’importance des datas dans le football moderne et leur utilisation au sein du HAC, et la formation « à la havraise ».

Concernant le premier thème, Julien Momont rappela l’importance de « permettre au centre de disposer d’outils aussi avancés que possible pour les aider au quotidien », et souligna le rôle propre des analystes vidéo, puisque chaque équipe (N3, U19, U17) possède le sien. Ce qui permet d’effectuer des retours vidéo individuels afin d’aider à la progression du joueur. Mathieu Bodmer fit d’ailleurs remarquer que, grâce à la vidéo, « en 18 mois, nous avons déjà vu jouer certains jeunes un cinquantaine de fois, ce qui permet de ne pas se tromper sur un joueur ».

Quant à la réussite de la formation « à la havraise », elle réside en partie dans cette phrase toute simple de François Rodrigues : « former des joueurs. » Car la progression individuelle est au centre du projet. C’est pour cela que toutes les équipes du centre jouent « très jeune », c'est-à-dire qu’elles incluent beaucoup de joueurs de la catégorie d’âge inférieure. « D’où des résultats purs plutôt moyens », souligne le directeur de la formation. Mais là n’est pas l’important : pourquoi faire « stagner » le joueur dans sa catégorie alors qu’il progresserait plus vite en se frottant à des adversaires plus matures ?

La réussite, c’est aussi se donner les moyens. Ainsi, Anthony Le Tallec soulignait le staff étoffé par rapport à « [son] époque », lui qui fut formé au HAC et passa pro il y a vingt ans : « Nous avions des coaches très compétents qui faisaient tout. Aujourd’hui, les joueurs ont des entraîneurs spécifiques, des préparateurs athlétiques, des vidéastes, plusieurs kinés… Ils ne se rendent pas compte de leur chance ! » Evidemment, le gros point noir de la formation concerne les terrains eux-mêmes… La Cavée comme Gagarine ne présentent pas la qualité qu’on serait en droit d’exiger pour un centre de formation aussi performant. Mathieu Bodmer, très sensible à ce sujet, le martelait : « Chaque semaine, les éducateurs perdent des heures à essayer de trouver un terrain. La saison dernière, la N3 a joué à Yvetot, à Deauville, à Lisieux… Ce n’est pas normal ! »

L’évolution de la société fut aussi au centre des débats : le joueur en formation n’est plus le même qu’il y a dix, quinze, vingt, trente ans ! « Le monde entier est accessible avec le téléphone, tout est instantané, soulignait Mathieu Bodmer, et c’est parfois compliqué de gérer certains comportements. Mais on y arrive… C’est énergivore mais fantastique ! » François Rodrigues renchérissait : « On est dans l’humain, donc si on n’aime pas les jeunes, il ne faut pas faire ce métier. Nous avons un rôle éducatif, comme des parents. C’est un travail d’équipe pour l’accompagnement du joueur. » Avec des valeurs indémodables, inaltérables, et obligatoires à inculquer : la politesse, le savoir-être, et le savoir-paraître.

Oui, la formation, c’est de l’humain ! D’autant que, sur chaque promotion, très peu de jeunes feront une carrière professionnelle… « Et les autres ? », demanda l’une des personnes présentes dans la salle. « Ils sont accompagnés pour trouver un autre club », précisa François Rodrigues. Et accompagnés dans la vie ! Car, le centre de formation du HAC, c’est aussi un projet de vie : il s’agit d’offrir aux jeunes le plus de bagages possible pour leur vie d’adultes.

Dany Pain, responsable pédagogique, s’occupe de cette partie parfois ignorée du grand public. « Je vois plus les jeunes comme des hommes et des femmes que comme des joueurs et joueuses. Même si je suis content quand ils signent pro ! » Son but ? Que chacun trouve sa voie. Certains suivent un cursus, mais la spécificité française fait qu’il est très compliqué d’allier sport et études… Alors quelques-uns restent « sur le carreau ». Le HAC a donc décidé de mettre en place une formation spécifique pour que les jeunes, ayant déjà obtenu un diplôme ou en total décrochage scolaire, soient armés pour le quotidien : « Le but est de leur apprendre la vraie vie, parce que celle qu’ils vivent au centre, ce n’est pas ça ! » Cours d’anglais, d’espagnol, media-training, expression écrite, rédaction de CV, gestion de compte en banque… Une idée murie par Dany Pain et Wasil Echchenna, conseiller municipal qui fut professeur d’histoire-géographie quand la Cavée accueillait une école privée pour ses pensionnaires. « Nous avons sollicité nombre de formateurs, liés aux relations de Wasil et aux nôtres », poursuit Dany. Ainsi, interviennent Olivier Geai (media-training), Djibril Tachefine (anglais et espagnol), Wasil Echchenna (histoire du sport en France et en Europe), Mansour Tall (vie quotidienne et performance), Dalil Benaouda (gestion financière), Souad Dar (expression écrite), Marine Truffier (naturopathie liée à la performance), Arthur Barbera (branding, fonctionnement sponsors), et Armelle Gavini et Davy Deschamps, tous deux au Crédit Agricole et intervenant sur la gestion du stress, mais bien évidemment aussi sur celle du patrimoine. Et ils sont absolument ravis de cette expérience : « Nous accompagnons un certain nombre de jeunes. Aujourd’hui, par exemple, nous avons discuté de la gestion du stress, de la concentration, de la défaite. Nous allons leur faire découvrir la gestion d’un compte, d’une épargne, pour leur avenir. Ça les change du foot ! Nous avions déjà un partenariat financier, mais au cours d’échanges, on nous a proposé d’accompagner les jeunes. Nous avons tout de suite été séduits par le projet humain, et nous en profitons aussi pour faire découvrir notre métier, notre entreprise. »

Car certains jeunes pourront également effectuer des stages dans les entreprises partenaires. Cette formation quasiment sur mesure avec huit heures de cours par semaine, que les jeunes s’approprient en proposant différents projets, est unique en France. La preuve que le HAC est bien plus qu’un simple club de football…

O.D.