Jean-Pascal Fontaine: "Je remercie ceux qui ont cru en moi"

Jean-Pascal, tu mets fin à ta carrière au HAC après 22 années sous les couleurs havraises mais avant d'évoquer cela quel regard portes-tu sur cette saison qui vient de s'achever ?
Très honnêtement, l’équipe n’était pas taillée pour jouer le Top 5. Nous y avons cru lors de la phase aller lorsque nous avons enchaîné les victoires, mais la phase retour nous a ramenés à la réalité. La marche était trop haute pour nous.
Personnellement, j’ai connu plusieurs blessures, notamment celle de la fin de saison dernière au visage qui m’a empêché de reprendre normalement avec le groupe. Travailler seul, ça pèse, ce ne sont pas des conditions idéales pour préparer une saison lorsque l’on connaît l’importance de cette période. Les dégâts collatéraux de cette préparation manquée ont été les blessures tout au long de cette saison, de quoi ajouter de la déception à la déception. Avec une préparation normale, j’aurais eu une saison plus conforme à ce que l’on peut attendre de moi.

On évoque l’avenir, qui va commencer par un retour à la Réunion ?
Oui, j’ai eu des discussions avec le président de la Saint-Pierroise, nous nous sommes mis d’accord, il reste toutefois à officialiser. J’avais toujours dit qu’après ma carrière professionnelle je retournerais à la Réunion. C’est un souhait partagé par toute ma famille.

Penses-tu déjà à une reconversion ?
Pour le moment, je ne me pose pas encore vraiment la question. À la Réunion, je vais continuer à jouer au foot sûrement quelques saisons encore, je ne me suis pas fixé de limite. Une fois là-bas, je commencerai à réfléchir à ma reconversion, j’ai encore un peu de temps pour préparer cette étape de ma vie.

Une carrière de fidélité totale au HAC, c’est extrêmement rare !
Je me suis toujours senti bien ici, alors pourquoi partir ? Le HAC est mon club formateur, je suis arrivé en 2000 à l’âge de 11 ans, j’ai connu toutes les étapes ! Il y a eu des approches d’autres clubs mais je n’ai jamais éprouvé une réelle envie d’aller voir ailleurs. Quand j’ai débuté ma carrière pro, j’ai eu une période difficile, alors le club a souhaité me prêter à Beauvais pour 6 mois. Là-bas, j’ai retrouvé du plaisir à jouer et je suis revenu au HAC avec beaucoup d’envie. Cette expérience m’a conforté dans mon idée que j’étais vraiment bien au HAC. Peut-être que si ce prêt n’avait jamais eu lieu la suite aurait été différente.

Un mot sur cette filière réunionnaise qui t’a permis d’arriver au Havre comme d’autres avant et après toi…
Lorsque je suis arrivé, nous étions quatre ou cinq Réunionnais dont Issilam Alaloui. Avant notre arrivée au Havre, nous étions ensemble à la Saint-Pierroise : nous partagions les mêmes moments de joie ou de tristesse, nous retournions ensemble à la Réunion lors des vacances. La présence d’autre Réunionnais a vraiment été un plus pour m’intégrer.

Et l’éloignement avec ta famille, comment l’as-tu vécu ?
Au début, ça allait parce que je ne pensais qu’au foot mais après mes premières vacances à la Réunion, au moment de repartir, j’ai ressenti pour la première fois un manque de ma famille. Heureusement, j’ai pu y retourner tous les ans, mais chaque retour en métropole a été compliqué à vivre.

Quels souvenirs te resteront de ta carrière en Ciel&Marine ?
D’abord la montée en Ligue 1, lors de ma première saison avec les pros, avec mes premiers matchs en Ligue 1. Je pense aussi à ce match complétement fou face à Bourg-en-Bresse où nous gagnons 5-0 mais échouons à un but de la montée. J’ai aussi en tête ce fameux match de barrages à Ajaccio.
Personnellement, mon pire souvenir reste sans hésitation ma blessure au visage en fin de saison dernière face à Chambly et tous les problèmes qui en ont découlé comme évoqué précédemment.
En 22 ans, j’ai connu tout le monde et je n’oublierai personne, mais j’ai une pensée particulière pour Christophe Revault qui m’a beaucoup aidé et donné plein de conseils lorsque je suis arrivé dans le groupe pro. Je pense aussi à ceux qui m’ont aidé lorsque je suis arrivé et qui ne sont plus là. En fait, j’ai envie de remercier tout le monde !
Je pense aussi avoir toujours été soutenu par le public havrais, il a toujours cru en moi, je veux l’en remercier, je ne l’oublierai jamais, même si je sais que les supporters sont déçus que, durant toutes ces années, nous n’ayons jamais réussi à remonter en Ligue 1, je comprends leur déception.

Parmi ceux que tu as eus comme partenaires, lesquels t’ont marqué ? Un Alex Bonnet par exemple, que tu côtoies depuis 13 ans ?
Alex, oui forcément ! Mais lorsqu’il est arrivé, j’étais jeune, on ne se côtoyait pas beaucoup. Avec le temps nous avons connu beaucoup de choses ensemble, alors bien sûr cela crée des affinités.

Et ta vie au Havre ?
Le Havre est la ville dans laquelle j’ai grandi, c’est la ville dans laquelle je suis devenu l’homme que je suis aujourd’hui. J’ai appris à l’apprécier et je m’y suis toujours senti bien.

Un mot tout de même sur cette discrétion extrême dans les médias ?
Je ne suis pas dans la recherche de la médiatisation, j’ai toujours fait le choix de la discrétion, certains ont besoin de cela, mais franchement ce n’est pas mon truc.

Une page de ta vie va se tourner dans les prochains jours, c’est donc le moment ? Pas de regrets ?
Je pense sincèrement que c’est le moment pour moi de partir, je suis arrivé au bout de l’aventure. Je pense même que cette année a été l’année de trop avec cette blessure au visage qui aura vraiment perturbé ma saison. Alors je veux encore remercier ce club pour tout ce qu’il m’a apporté, tous ces gens qui travaillent ici et qui m’ont beaucoup aidé, tous ces supporters qui m’ont toujours soutenu !

Propos recueillis par Emmanuel Lelaidier