Oussama Targhalline : "On est comme une famille !"

Oussama, quel bilan tires-tu de cette saison du HAC ?
Je pense que nous avons fait une très bonne première partie de saison, de bons matches, nous avons pris beaucoup de points. En deuxième partie, il y a eu un peu de blessures, un peu de suspensions, nous n’avons pas fait beaucoup de matches ensemble, au complet, c’était plus compliqué. Mais nous avons su revenir, nous avons été présents.

T’attendais-tu à ce que cette deuxième partie de saison soit si difficile ?
Oui, c’est normal. Quand on s’approche de la fin, il y a plus d’enjeu. Mais si nous avions été au complet à chaque fois, nous aurions fait une meilleure deuxième partie de saison.

Et qu’as-tu pensé de ta propre saison ?
Je n’ai pas fait beaucoup de matches à cause de ma blessure (NDLR : à l’échauffement de HAC – Brest, lors de la 2e journée, il a été absent jusqu’en décembre). Quand je suis revenu, j’ai fait une rechute. J’ai essayé d’être là pour l’équipe lors des matches que j’ai faits.

Comment as-tu vécu cette longue absence ?
C’était très dur mentalement, parce que tu ne peux pas faire ce que tu aimes le plus au monde, c'est-à-dire jouer au football ! Tu as des soins, des séances en salle, en regardant tes amis qui sont à l’entraînement ! Lors des matches, tu ne peux pas les aider, tu ne peux rien faire… Heureusement qu’il y avait ma famille, mes proches qui me soutenaient.

Tu y avais déjà joué quelques minutes avec l’OM, mais tu as vraiment découvert la Ligue 1 cette saison. C’était un rêve ?
Oui ! Je savais qu’il ne fallait pas que ça reste un rêve mais que ça devienne une réalité. Depuis la saison dernière et mon arrivée ici, je m’y attendais, à cette Ligue 1.

Quand tu as signé au HAC il y a un an et demi, c’était donc le bon choix !
Oui ! Je ne regrette pas ! Si je devais le refaire, je prendrais la même décision !

Ça te fait quelque chose de jouer contre l’OM ?
Oui et non. Oui parce que c’est là-bas que j’ai découvert le monde professionnel, j’y suis arrivé à 18 ans, j’y ai appris beaucoup de choses, avec de grands joueurs, de grands entraîneurs, et j’ai encore des amis là-bas. Et non parce que je n’ai pas vraiment joué pour l’OM en mode pro.

Comment te sens-tu ici ?
Je me sens très, très bien au club. Les gens sont sympas avec moi, m’aident beaucoup sur et en dehors du terrain, je me sens vraiment chez moi. J’aime bien aussi la ville. Et ce qui est bien ici, c’est qu’on est presque tous amis, on est comme une famille, on rigole tous ensemble, c’est vraiment comme à la maison !

Et l’atmosphère autour du club, le public, les supporters, qu’en penses-tu ?
Ça fait très plaisir de voir les gens qui reviennent, parce que Le Havre, c’est un bon club qui mérite de rester en Ligue 1, d’y faire de bonnes saisons, de ramener tout le monde au stade, d’avoir une bonne atmosphère dans la ville. Les gens sont heureux, ça nous donne de la joie à nous aussi !

As-tu toujours voulu être footballeur ?
Oui. Soit footballeur, soit, pour mes parents, professeur d’arabe. Mes parents voulaient que je fasse des études. J’étais obligé d’avoir le bac… sinon ils m’auraient tué ! (rires) Je suis arrivé à dix ans à l’Académie Mohamed VI et le point positif était qu’il y avait l’école au centre. On finissait l’entraînement et il fallait être rapide, prendre sa douche, manger, et aller à l’école. Mais les installations étaient bien et nous avions de bons profs.

Ta famille est-elle fière de toi ?
Je pense. Un peu par rapport au foot parce qu’ils savent que je fais ce que j’aime, mais plus par rapport à la personne que je suis. Ils ne comprennent pas grand-chose au foot ! Si demain je gagne je ne sais pas quoi, ils vont me demander si je suis content, mais c’est tout… Ils me disent que je suis footballeur une heure et demie ! Ils savent qu’après l’entraînement, j’ai mon hygiène de vie à respecter, ils me disent que c’est normal, parce que même dans la « vraie vie », il faut bien manger bien, dormir tôt… Quand je rentre, je suis traité comme le sont mes deux sœurs !

Si tu devais retenir quelque chose des dix-huit derniers mois, qu’est-ce que ce serait ?
La montée et le match de Caen. Nous étions attendus, c’est un derby, il ne fallait pas faire de faux-pas. On a gagné, il y a eu le retour ici avec les supporters… c’était magnifique !

Et quel but tu mets !
C’est la chance, la chance ! (rires)

As-tu des ambitions avec l’équipe du Maroc ?
Oui, comme tous les joueurs qui veulent représenter leur pays. Mais ça passe par le club, si je fais de bonnes performances…

Que fais-tu en dehors du football ?
J’écris un peu… Je suis un bon écrivain ! (rires) J’écris ce que j’ai bien fait dans ma journée, parfois j’écris des petites chansons, des textes, ce que je ressens. J’écris beaucoup quand je suis dans l’avion. Je lis aussi beaucoup, je suis fan de Najib Mahfoud, c’est lui le meilleur. Je passe aussi beaucoup de temps au téléphone avec ma famille, puisqu’elle est au Maroc. Je mange aussi avec Yassine (Kechta), Oualid (El Hajjam), on fait des balades, on regarde des matches… S’il y a des amis à moi qui jouent, je regarde. Je fais beaucoup de siestes, aussi !

Avais-tu des idoles quand tu étais petit ?
Oui, deux ! Iniesta et Tony Kroos.

As-tu essayé de t’inspirer d’eux ?
On prend un peu de l’un, de l’autre, avec sa façon de jouer… Mais il ne faut pas vraiment essayer de faire pareil, sinon, on se perd !

Si tu devais inviter trois personnes à dîner, vivantes ou non, qui choisirais-tu ?
Le premier, malheureusement décédé, ce serait mon ancien coach de l’Académie, celui qui m’a beaucoup aidé depuis petit. Puis je prendrais Yassine, il est drôle ! (rires) Et le troisième… Zidane ! On ne le voit jamais, il ne parle pas, alors les trucs qu’il me donnerait, je serais le seul à les prendre, je les garderais pour moi ! (rires)

Propos recueillis par Olivia Detivelle