28 février 2024

Romain Djoubri : « Je me vois bien dans le foot féminin jusqu’à la fin ! »

Coach de l’équipe première des Hacwomen, Romain Djoubri possède un parcours extrêmement riche dans le football, mais est novice chez les féminines. Il nous raconte…
Romain Djoubri : « Je me vois bien dans le foot féminin jusqu’à la fin ! »
Peux-tu te présenter ?
Je suis issu d’une famille de footballeurs, en l’occurrence la famille Horlaville ! Ma maman est la sœur de Daniel Horlaville, je suis donc le cousin de Christophe, qui a porté les couleurs du HAC. J’ai été bercé dans le football dès ma tendre enfance. Tout naturellement, j’ai fait mes classes au CMS Oissel, jusqu’à 18 ans. Je suis ensuite parti au FC Rouen pour jouer un peu en CFA, puis j’ai bouclé la boucle à Oissel, en CFA2. M’étant rapidement rendu compte que je ne deviendrais pas professionnel, je me suis occupé des jeunes. Commençant à passer mes diplômes en parallèle de mon parcours de joueur, je suis devenu responsable des débutants, les actuels U6-U7, puis responsable de l’école de foot, et j’ai franchi les étapes, la préformation, la formation, la postformation, j’ai été responsable de toutes les catégories, jusqu’à être adjoint en CFA2. Il me manquait simplement l’aspect féminin des choses… J’ai gravi les échelons petit à petit, j’ai passé les diplômes en fonction des catégories que j’ai entraînées. C’est vraiment une passion ! J’allais sur le terrain sans avoir aucune rémunération, aucune vacation… C’était le plaisir de partager, d’échanger, de transmettre, parce qu’on sait que le football est aussi un ascenseur social et qu’il peut te sortir de certaines galères. Quand tu as affaire à un public de classe moyenne, c’est un peu ton job d’aider ceux qui ont peu de repères. Les seuls qu’ils aient, c’est au foot ! L’idée était de transmettre ces valeurs-là aux jeunes, que le foot leur donne des bases citoyennes et éducatives. En cas d’échec scolaire, voire de déscolarisation, peut-être que le jeune pourra s’insérer socialement par le biais du football. J’en suis la preuve vivante ! J’ai arrêté mes études relativement tôt, en seconde, j’étais parti jouer à l’île de la Réunion durant six mois, j’avais privilégié le foot plutôt que les études, j’avais tout quitté. Quand je suis rentré en métropole, je n’avais plus rien ! J’ai toqué à la porte de mon club, Oissel, et je suis entré à la municipalité, au service des sports, dans le cadre d’un emploi jeune, parce que j’étais joueur de l’équipe première et éducateur du club. C’est le foot qui m’a donné l’opportunité d’avoir un boulot ! Derrière, j’ai fait en sorte de me rendre utile à la collectivité et au club. Cela fait 22 ans que je suis fonctionnaire, j’ai toujours été en parallèle éducateur, et désormais c’est devenu mon métier à plein temps !

Comment as-tu géré ton nouveau rôle d’entraîneur au HAC avec ton poste à la mairie à Oissel ?
Je suis en disponibilité. Avant, mes occupations au CMS Oissel ou au FC Rouen étaient en plus de mon travail. Il y avait toujours cette crainte de ne dépendre que du foot, dans le milieu amateur, qui plus est. Quand l’opportunité du Havre est arrivée, c’était le moment de prendre un peu de recul avec la fonction publique et d’allier l’utile à l’agréable. J’en avais toujours rêvé, j’en ai eu la possibilité, j’ai donc pris une dispo pour me consacrer pleinement à la tâche. Je me plaisais aussi dans ce que je faisais, mais à un moment, tu t’essouffles aussi un peu dans le football amateur, tu es fatigué, parce que c’est en plus de tes heures de travail, c’est beaucoup de temps passé en dehors de la maison et du cercle familial. Tu n’attends pas de remerciement, parce que la première chose que l’on te dit quand tu entres en formation est : « N’attendez rien, que ce soit des joueurs, des parents… Si vous le faites, c’est parce que vous êtes disponible et disposé. » Mais à un moment, c’est bien d’avoir un peu de reconnaissance de l’investissement ! Cela fait 25 ans que je pense aux autres, alors que, dans le métier, personne ne pense à nous. Il faut s’occuper des autres, en permanence, en s’oubliant un peu, et on oublie aussi les priorités de la vie : la famille. Cependant, c’est la passion qui nous anime !

Comment arrives-tu au HAC ?
C’est un coup de fil de Momo El Kharraze. J’étais manager général du CMS Oissel, entraîneur de l’équipe première, avec des objectifs à atteindre, plus définir la politique technique, les réunions avec les éducateurs, colmater les brèches à droite et à gauche, s’occuper du label, mettre en place les stages… Je dis à Momo que, sauf si j’ai un super projet qui arrive, je vais prendre du recul. Il me rappelle, m’invite à une réunion avec Laure Lepailleur pour me présenter le projet HAC… On a discuté, et ça s’est fait comme ça ! Les planètes étaient alignées, c’était une opportunité. Il y avait un besoin au niveau du club, et moi, j’avais besoin de repartir sur autre chose. Nous nous sommes bien trouvés.

Quelles différences observes-tu entre les footballs féminin et masculin ?
L’approche est différente dans le management. On ne gère pas les garçons de la même manière que les filles. Il faut faire attention, parce qu’il y a une certaine émotivité naturelle chez la femme, qui prend plus les choses à cœur. L’approche est complètement différente sur le dialogue, l’échange, mais ça me va bien, car je suis plutôt dans l’affect, j’étais déjà comme ça étant joueur. J’aime bien avoir ce rapport humain, évidemment sans entrer dans le copinage, et il est peut-être plus facile à créer avec des femmes. J’ai également des enfants, un garçon de 22 ans, mais aussi une fille de 17 ans, ça aide ! Pour passer tes idées, tes messages, il faut vraiment le faire avec douceur. Elles analysent tout, intellectualisent tout.

Quel est ton regard sur la D1 Arkema ?
On y trouve deux championnats ! Il y a les cadors, l’OL, le PSG, le PFC, plus Fleury ou Montpellier, mais derrière il y a une vraie cassure, et j’en ai été surpris, je ne pensais pas que l’écart était si important. Il n’y a pas non plus d’équipes larguées comme lors d’autres saisons. Entre le ventre mou et le bas du classement, il n’y a pas de gros écart.
Concernant le HAC, nous sommes potentiellement dans les objectifs, mais frustrés d’y être ! Car avec du recul, de l’analyse, on constate qu’on devrait être mieux comptablement. C’est dommage, la saison n’est pas terminée, mais ça va être difficile d’aller chercher davantage. Nous avons perdu des points bêtes en cours de route, c’est dommage, parce que les statistiques et nos marqueurs le prouvent, nous pourrions être positionnés entre la 5e et la 7e. Ce n’est pas fini mais il est frustrant de ne pas gagner lors des confrontations directes… mais au moins, on ne leur laisse pas de points non plus.

Tu as en tout cas une équipe qui ne lâche jamais rien !
Les filles ont du caractère, mais c’est un peu la marque de fabrique. C’était le cas l’année dernière aussi ! Il y a des matches où elles sont revenues avec cette force, ces valeurs. Nous avons essayé de nous appuyer sur ce qui a été bien fait, cela faisait partie de ces choses ancrées, et même dans l’ADN du club. Et moi, j’ai toujours eu des équipes associées à ce genre de valeurs. Est-ce le discours, la méthode, le fait d’avoir une certaine proximité avec le groupe que j’encadre ? En tout cas, il y a toujours ce fameux rouleau compresseur, jusqu’au bout. Si on doit mourir, c’est les armes à la main ! Cependant, il est dommage que, parfois, ce soit un peu en réaction…

Que penses-tu de la visibilité accordée au football féminin ?
C’est de mieux en mieux, avec le fait que Canal Plus ait récupéré les droits. Les journaux locaux, les réseaux sociaux y prêtent aussi plus attention. C’est l’attrait du championnat qui va faire que les gens vont s’y intéresser. On est sur la bonne voie. La professionnalisation va être annoncée par Jean-Michel Aulas, des moyens sont mis en œuvre par la FFF pour avoir une visibilité accrue du foot féminin, mais l’idée est de resserrer un peu l’écart qu’il y a, de manière à ce que le championnat soit plus intéressant à regarder. Il faut qu’il y ait une réforme, une réflexion menée afin d’augmenter l’attractivité du championnat : organiser des play-offs, des play-down, passer à 14 ou 16 équipes pour qu’il y ait plus de matches… il y a plein de choses à imaginer pour tenir en haleine les spectateurs. Développer l’agrément pour les centres de formation va structurer un peu plus le socle et nous aurons des joueuses toujours meilleures, plus aguerries.

Tu te plais donc dans le football féminin !
Oui, j’y trouve mon intérêt, parce que je suis toujours formateur dans l’âme, éducateur. Là, on est dans la compétition, la performance, mais il y a toujours ce côté accompagnement des joueuses, leur donner des outils pour s’améliorer, sur le travail technique, tactique, la réflexion sur le jeu, etc. Toujours pour la faire performer. Je me projette, il me reste une bonne dizaine d’années à faire, j’ai 50 ans, je me vois bien dans le foot féminin jusqu’à la fin ! C’est amené à grandir, je pense que j’ai pris le bon wagon au bon moment, je m’y retrouve. Le football reste le football, le rapport humain est différent de chez les garçons et ça me va bien aussi. Des moyens vont être mis en œuvre, logistiques, du centre de formation, financiers, un peu plus pour des éducateurs de plus en plus formés, diplômés. Pourtant, beaucoup de collègues me disent que je reviendrai dans le foot masculin ! Je pense toutefois avoir fait le tour du football masculin, à mon humble niveau, et que si je veux continuer à avoir cette petite flamme, pour pouvoir durer, c’est ici qu’il faut que je reste. Après, advienne que pourra. Je suis de toute façon un « clubiste », je vais là où les gens pensent qu’il y a une nécessité pour aider le club ! Si demain on me dit qu’on a besoin de moi sur les U15 garçons, si c’est la volonté du club pour pouvoir développer quelque chose, je ne vais pas m’attacher à mon poste. C’est ce que j’ai fait à Oissel, au FC Rouen, j’ai été un peu le pompier de service de toutes parts, parce que je défends les couleurs, le blason. Je ne suis pas un mercenaire du football !

Propos recueillis par Olivia Detivelle

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