Saël Nseke : "C’est vraiment incroyable"

Saël, comment s’est passée cette aventure avec l’Equipe de France U17 qui a commencé début mai à Clairefontaine ?
Nous avons en effet débuté notre préparation à Clairefontaine, il manquait quelques joueurs qui nous ont rejoints les jours suivants, puis nous nous sommes envolés pour Israël qui accueillait cette compétition. Nous avons rejoint notre hôtel à Tel Aviv, un hôtel dans lequel logeaient aussi les autres équipes de notre poule.


Avais-tu la certitude de jouer cet Euro avec la France, le coach José Alcocer t’avait-il donné des garanties ?
Oui, le coach m'avait dit très tôt qu’il comptait sur moi pour jouer cette compétition. Hormis deux ou trois joueurs venus nous renforcer, notre groupe est à peu près le même depuis presque deux ans. Nous nous côtoyons depuis tout ce temps, ce groupe est presque comme une famille maintenant, il y a de la complicité entre nous.


Avec quels objectifs vous êtes-vous présentés à cette compétition ?
Le coach nous a juste dit deux mots : « humilité » et « détermination ». Nous n’étions pas parmi les favoris, contrairement à l’Allemagne, l’Italie ou les Pays-Bas, alors nous avons joué match après match cette compétition. Nous avons remporté nos premières victoires, et là nous avons commencé à croire en nos chances.

Et comment s'est déroulée cette compétition, comment l'as-tu vécue ?
Tout commence bien, lors du premier match face à la Pologne nous marquons six buts et nous en encaissons seulement un, puis au deuxième match nous marquons quatre fois. Avec dix buts en deux matchs, je pense que nous avons frappé fort ! Le coach nous avait dit qu’il fallait impacter dès le début de la compétition, je crois que c’est ce que nous avons fait. Mais ensuite nous nous inclinons contre les Pays-Bas, Nous avions pourtant ouvert la marque, mais nous avons commis quelques erreurs et nous nous sommes fait punir "cash". Toutefois, nous nous sommes servis de cette défaite lorsque nous avons affronté l’Allemagne, elle nous a permis de nous remettre en question, de chercher à comprendre ce qui n’avait pas fonctionné face aux Pays-Bas. C’est un peu une gifle qui nous a aidés à nous remettre dans le bon sens.


Cette victoire face à l’Allemagne, l'un des favoris, vous ouvre-t-elle encore un peu plus l’appétit dans cette compétition ? Prenez-vous conscience que vous pouvez aller au bout ?
On n’a jamais douté de nous, mais sortir l’Allemagne avec le gros match que nous avons fait, cela nous fait effectivement penser que nous avons toutes nos chances pour remporter ce tournoi.


Vous battez ensuite le Portugal et parvenez à cette finale face aux Pays-Bas qui vous avaient battus en phase de groupe. Abordez-vous ce match avec un petit sentiment de revanche ?
Oui, bien sûr, nous avons envie de prendre notre revanche sur le match de poule, et là nous ne sommes plus dans les matchs de poule, cette fois, c’est la finale ! Chaque match a son histoire, ils ont remporté le match de poule, et nous la finale !


Et dans cette finale, vous êtes menés malgré une bonne première période !
En début de match, c’est nous qui avons le ballon et les occasions, mais sans pouvoir prendre l’avantage. Puis au retour des vestiaires, ce sont eux qui marquent. Après ce but, nous ne sommes pas abattus, je dirais juste secoués, mais il nous fallait vite réagir et je n'ai jamais douté des capacités de notre équipe. Nous nous sommes dit que rien n’était perdu et que nous pouvions encore le faire. On voit ce que nous avons réussi à faire derrière !


Et c’est à ce moment-là que le show Nséké débute. Raconte-nous ce premier but, quelle frappe !
Oui, je reçois un ballon de Désiré Doué, je contrôle et je fixe mon adversaire, je vois l’appel de Mathis Tel, mais aussi que son défenseur part avec lui. Dès lors, il y a un angle et je me dis « pourquoi pas tenter ma chance », alors je frappe et ça rentre. Un but comme celui-là, ça ne m’était jamais arrivé. Marquer pour son pays, c’est un moment vraiment fort ! Ensuite, il y a le moment où je récupère un ballon repoussé par le gardien et je marque mon deuxième but, et là nous sommes champions ! Puis toute l’équipe s’est battue à fond pour conserver ce résultat. J’ai encore du mal à réaliser tout cela, c’est vraiment incroyable, ces moments vont rester gravés à vie ! Mais il faut garder la tête sur les épaules, rester humble et continuer à travailler. Ce titre n’est qu’une étape.


Penses-tu que t’être entraîné avec le groupe pro une grande partie de la saison a contribué à te faire gagner en maturité, à te permettre d’atteindre ce niveau de performance ?
C’est sûr, quand tu t'entraînes régulièrement avec les pros, tu progresses très vite, ta vision du foot change, d’ailleurs tout change et cela se joue sur des détails. Cela m’a vraiment aidé à progresser et j’en profite pour remercier le coach de m’avoir donné cette opportunité-là !


Certains médias digitaux t’avaient écorché après ton expulsion face à Caen en championnat en mettant l’accent sur le fait que tu étais le plus jeune joueur à prendre un rouge en Ligue 2. Ces mêmes médias ont encensé ta prestation de mercredi soir sans même peut-être faire le rapprochement avec celui dont ils s’étaient un peu moqué deux mois avant. Vois-tu cela comme une petite revanche ?
Très honnêtement, après le carton rouge reçu face à Caen, j’avais préféré couper avec tout ce qui est réseaux sociaux et médias. Je me suis consacré à 200% à mon travail à l’entraînement. Mais c’est comme ça dans le foot, parfois on dit du bien de toi et parfois on dit du mal. Mais oui, je le vois un peu comme une revanche. Mais maintenant, on va passer à autre chose !

Propos recueillis Emmanuel Lelaidier

Phase de groupe
France - Pologne : 6 - 1
France - Bulgarie : 4 - 0
Pays-Bas - France : 3 - 1

1/4 de finale
Allemagne - France 1 - 1 (3-4 tab)

½ finale
France - Portugal : 2 - 1 (6-5 tab)

Finale :
France - Pays-Bas : 2 - 1