9 avril 2018

Samba Diop par ceux qui l'ont cotoyé

Le vie d’un club sportif est ainsi faite, il y a des hauts et des bas, et cela bien souvent pour des raisons sportives. Mais depuis samedi, le HAC est frappé par un drame qui dépasse toute déception footballistique, la disparition de l’un de ses jeunes. Samba Diop n’avait que 18 ans, il nous a quittés bien trop tôt samedi dernier. Jeune footballeur de talent, sa disparition marque fortement le HAC, la deuxième famille de Samba. Ceux qui l’ont côtoyé au quotidien nous en parlent.
Samba Diop par ceux qui l'ont cotoyé
Le HAC, c’est presque toute la vie de Samba Diop. Originaire du Havre, ce gamin, qui a grandi à Bléville, avait cette ville dans la peau. Passionné de football, il intègre l’école de foot du HAC en pré-débutants à l’âge de 4 ans et demi, c’était en 2005. « On a toujours tendance à ne retenir que les bonnes choses des personnes qui nous quittent, mais Samba était vraiment un exemple à suivre, droit, poli, réservé, il y avait un vrai équilibre entre sa vie de famille et sa vie au HAC. Il avait suivi une éducation droite dans sa famille, il n’avait jamais un mot plus haut que l’autre, mais c’était un garçon qui savait où il voulait aller », se souvient Mickaël Bunel, le responsable de l’école de foot. « C’était un copain de mon fils », se rappelle quant à lui Mickaël Lebaillif, actuel entraîneur des U19 du HAC et qui a eu Samba avec la catégorie U17 qu’il coachait alors. Il poursuit : « En 2005, j’étais à la pré-formation et je voulais mettre mon fils à l’école de foot. Samba, qui habitait en dessous de chez moi, venait souvent à la maison jouer avec mon fils, ils allaient aussi à l’école ensemble. Lorsque j’ai voulu inscrire mon fils à l’école de foot, Samba a lui aussi voulu venir, alors sa maman l’y a aussi mis. Il était vraiment très motivé à l’idée de jouer au foot, alors je l’ai emmené avec mon fils un mercredi et voilà, c’était parti ! ».

« Jeune, il avait déjà du talent, mais un peu réservé et un peu trop gentil, il lui a fallu renforcer son caractère et son agressivité en tant que joueur. En revanche, c’est par son talent naturel et par le travail qu’il s’est petit à petit imposé comme l’un des grands espoirs du club », ajoute Mickaël Bunel. « On ne peut rien dire de lui en mal », lance Nino qui s’occupe des jeunes du centre de formation depuis 30 ans, « quand la nouvelle nous est parvenue, cela a été un moment terrible ici à la Cavée-Verte, c’était un garçon plein de vie, je l’avais vu la veille, comment imaginer qu’il ne serait plus là le lendemain... Je ne sais pas comment ses partenaires vont se remettre de ce drame. Ça fait mal, je ne l’oublierai pas », confie le cœur serré celui qu’il l’a accompagné depuis qu’il s’était inscrit au club.

« Il avait deux personnalités !», ajoute Frédéric Ortiz, qui l’a entraîné alors qu’il jouait avec les U14, « c’était un garçon en or en dehors et un vrai guerrier sur le terrain, capable de pleurer après un match perdu tant il haïssait la défaite », ce que confirme Mickaël Bunel : « Pour l’avoir accompagné toutes ces années, je pense réellement que c’était l’exemple à suivre, un formidable ambassadeur de la formation havraise. Combien de clubs pros aujourd’hui peuvent se targuer d’avoir accompagné des joueurs de leurs quatre ans et demi au groupe pro comme ce fut le cas pour Samba ? C’est un bel exemple de ce que nous, formateurs au HAC, voulons véhiculer », précise le responsable de l’école de foot. A noter que deux autres joueurs ayant effectué toute leur formation au HAC, de l’école de foot au groupe pro, Lys Mousset et Nathaël Julan, sont revenus précipitamment au Havre hier pour être au côté de la famille de Samba.

Moment particulier aussi pour Ferland Mendy, qui avait côtoyé Samba lorsqu’il était à la Cavée-Verte. Celui qui a signé à Lyon l'été dernier a aussi été affecté par la nouvelle, laissant un message touchant sur Twitter. L’ex-joueur du HAC se souvient bien de Samba : « On se croisait au centre. Même si je suis plus âgé que lui, il nous est déjà arrivé de parler, je me souviens d’un garçon simple et très gentil », confie l’ex-latéral gauche du HAC avant de poursuivre : « Il était respectueux et aujourd’hui ça me fait mal de savoir qu’il est parti, dans ces moments je pense à sa famille et au HAC ». Alors, hier après midi, Ferland Mendy, qui jouait à Metz avec Lyon, a vécu de manière très spéciale la minute de silence qui a précédé le coup d’envoi : « Lors des minutes de silence, bien souvent on ne connaît pas personnellement les personnes concernées, mais hier c’était une minute de silence vraiment différente des autres ».

Sur le plan sportif, Samba Diop jouait depuis près de trois saisons sous la direction d’Abasse Ba, d’abord pendant deux saisons avec les U19 avec lesquels il avait accroché un titre de vice-champion de France en fin de saison dernière à Saint-Nazaire (photo ci-contre) dans une finale perdue face à Bordeaux, puis cette saison avec la réserve. Pour Abasse Ba, Samba avait un mental solide car après un passage chez les U17 où il avait peu joué, certains auraient peut-être abandonné, mais pas lui, il a redoublé d’efforts qui se révéleront payants : « C’est là que l’on voit qu’il avait le mental pour devenir un joueur de haut niveau », affirme l’entraîneur de la réserve du HAC, « cette force de caractère, cette force tranquille j’ai envie de dire, cette sagesse lui ont permis d’y arriver, il s’impliquait, c’était un exemple et tout cela lui a permis de réaliser une belle première saison avec les U19. Et puis il eut un environnement familial idéal, sans mettre de côté les études, il avait eu son Bac l’année dernière, ce qui était aussi un objectif majeur à ses yeux. Et bien sûr, je n’oublie pas notre saison dernière et cette finale de championnat de France où nous avons vécu des moments humains inoubliables. Même cette saison en National 2, où nous connaissons des difficultés, Samba avait toujours répondu présent, il était persuadé que nous allions parvenir à accrocher le maintien ». Alors bien sûr, sa disparition va laisser des traces, comment ses jeunes partenaires vont-il gérer ce drame ? « On connaissait l'état d’esprit de Samba, c’était un combattant, il y croyait et, ne serait-ce que pour honorer sa mémoire, nous devrons nous battre jusqu’au bout. Nul ne sait où nous serons en fin de saison, mais pour lui nous devons tout donner », lance Abasse Ba.

Le jeune Samba Diop, cet enfant du club qui a franchi toutes les étapes avait un rêve, celui de débuter sa carrière pro sous le maillot du HAC et nulle part ailleurs, ce que confirme Abasse: « C’était son club, sa famille, il avait un engagement moral avec le HAC. Après notre finale U19 la saison dernière, il avait été sollicité, mais pour lui il était hors de question d’aller ailleurs ». Cette fidélité au HAC, son état d’esprit et son travail étaient de nouveau récompensés cette saison, Samba étant appelé pour venir s’entraîner avec les pros trois fois par semaine. « Je me souviens lorsque je lui ai annoncé la nouvelle, il était heureux et il a filé voir sa maman pour lui annoncer ». Mieux encore, Samba était sur le point de « prendre du galon ». En effet, il allait intégrer officiellement le groupe professionnel dès la reprise de l’entraînement en juin prochain avec en poche son premier contrat de footballeur professionnel.
Le HAC tiendra ses engagements et le validera à titre posthume, pour sa famille, pour son rêve, pour lui.

Emmanuel Lelaidier

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